Comment rester dans la vie politique quand on est ex-président de la République?

François Hollande lors de la rentrée des classes à Orléans le 1er septembre 2016 - -
"Au revoir" avait lancé Valéry Giscard d'Estaing le 19 mai 1981 au moment de quitter le pouvoir politique. Pourtant, ce pouvoir, l'ex-président de la République ne l'a jamais vraiment quitté: moins d'un an après sa défaite à la présidentielle, Giscard était élu conseiller général du Puy-de-Dôme. Par la suite, il enchaînera les mandats de tout genre: député, président du conseil régional d'Auvergne, député européen avant de siéger au Conseil constitutionnel jusqu'à son retrait en 2004.
Pour Nicolas Sarkozy, le chemin fut sensiblement différent: après avoir déclaré qu'il quittait la vie politique française à la suite de sa défaite en 2012, l'ex-président a orchestré un retour millimétré, caressant le rêve d'une revanche contre François Hollande en 2017. Eliminé dès la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy s'est de nouveau mis en retrait - pour le moment. Pour celui-ci, cependant, l'avenir politique semble clair: l'Elysée ou rien.
"Pas pour être président de la République"
Maintenant qu'il a annoncé qu'il ne quittait pas la vie politique, quel peut être l'avenir de François Hollande? Pour Laurent Neumann, éditorialiste politique pour BFMTV, la démarche n'a pas de visée électorale.
"Ce n'est pas pour être président de la République, ni pour prendre la tête du parti socialiste, mais il continuera à faire entendre sa petite voix. La vraie question c'est: est-ce que sa voix est encore audible? Est-ce que c'est le bon moment pour le faire? Je pense qu'il est un peu tôt pour le faire"
Un avis qui n'est pas partagé par François-Xavier Bourmaud, grand reporter politique au Figaro:
"François Hollande veut peser sur les débats au sein du parti socialiste. Il veut s'assurer que le parti socialiste tombe entre les mains de ses proches, qui vont défendre sa ligne, son bilan et son action. Il y a quelque chose qui l'obsède: c'est la trace qu'il laissera dans l'Histoire"
Un retour en politique qui sert les intérêts d'Emmanuel Macron?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour Bernard Sananès, de l'institut d'opinion Elabe, cette déclaration de François Hollande pourrait servir les intérêts d'Emmanuel Macron.
"Emmanuel Macron a plus à craindre des critiques de Jean-Luc Mélenchon sur la loi Travail que de celles de François Hollande. Imaginer François Hollande dans le rôle d'opposant, cela me semble assez compliqué"
Une impression confirmée par Laurent Neumann:
"Je pense que cela peut l'arranger. La voix de François Hollande est tellement inaudible aujourd'hui, que par une sorte de prise de judo, Emmanuel Macron peut se servir de cette critique"
François Hollande ou "la conscience de gauche d'Emmanuel Macron"
Etienne Girard, journaliste politique à Marianne, voit, lui, un ex-président cherchant à prendre une hauteur politique inédite.
"François Hollande cherche à apparaître comme un sage, à être écouté dans la scène politique demain. C'est quelqu'un qui a la politique dans le sang. Il a arrêté de faire de la politique pendant six mois, entre sa déclaration de non-candidature et l'élection d'Emmanuel Macron"
Pour lui, François Hollande veut être l'incarnation des idées sociales-démocrates sur la scène politique française:
"Quand il explique qu'il va garder une place, ce n'est pas une place dans l'arène. Il dit: 'je dirai les choses, je ne m'interdis pas de faire des commentaires sur l'action d'Emmanuel Macron'. Dans un renversement des rôles, il sera un peu la conscience de gauche d'Emmanuel Macron."