Colère de Ruffin dans l'Hémicycle après le rejet d'une loi sur l'inclusion des élèves handicapés

Après que la majorité a rejeté ce jeudi une proposition des lois portant sur "l'inclusion des élèves en situation de handicap", François Ruffin a lancé une diatribe à l'encontre des députés de La République en marche depuis la tribune de l'Assemblée nationale. Ce vendredi, il a publié sur internet les noms des députés ayant écarté le texte.

La loi portant sur "l'inclusion des élèves en situation de handicap" n'ira pas à son terme. Les députés de la majorité ont décidé de la retoquer ce jeudi. Le texte, proposé notamment par le député Les Républicains élu dans le Lot Aurélien Pradié, appelait notamment à créer un statut unique, revalorisé financièrement, pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS) ou les accompagnants des élèves en situation de handicap, comme l'a noté ici Le Figaro. Et cette issue a ulcéré le député de la France insoumise élu dans la Somme, François Ruffin qui s'est emporté contre ses collègues de La République en marche. 

"Vous êtes 300 et aucun amendement!"

Donnant le ton d'entrée, il a déclaré: "Vous n’avez pas honte ? Honte de votre paresse, honte de votre sectarisme. Je vais résumer, pas seulement pour les citoyens dehors, mais pour vous ici, pour que vous mesuriez votre déshonneur." Relevant que les personnes accompagnant les élèves handicapés dans les écoles percevaient de 600 à 700 euros pour cette activité, une rémunération située en deçà du seuil de pauvreté, "avec des contrats ultra précaires", il a fustigé ce qu'il a décrit comme une forme de passivité: ". Pour changer ça, depuis le début du mandat, quelle proposition de loi avez-vous porté? Rien, aucune. Et le ministère, quel projet de loi? Rien, aucun "

Après avoir rendu hommage à Aurélien Pradié, pourtant membre des Républicains, présentant son texte comme louable bien qu'"améliorable", il a estimé que la République en marche avait tourné le dos à un débat transpartisan: "Et nous avons, nous les Insoumis, mais également les communistes, les socialistes, les UDI, les Républicains, nous avons déposé des amendements en commission, vous les Marcheurs, aucun! Vous êtes 300 et aucun amendement!"

Playmobil

François Ruffin a jugé que les "Marcheurs" avaient adopté un comportement grégaire, et les a qualifiés de "troupeau" ou encore de "Playmobil" se bornant à lever la main en cadence pour voter "contre, contre, contre". Il a, une dernière fois avant de laisser le micro, accablé les parlementaires responsables du rejet de la proposition.

"J’espère que le pays ne vous pardonnera pas. Nous demandons un scrutin public, le nom des votants sera public, je les publierai sur ma page Facebook et je ne serai pas le seul! Ils circuleront à travers la France et ce vote, j’en suis convaincu, vous collera à la peau comme une infamie!"

Ce vendredi, le fondateur du journal Fakir est passé des mots aux actes en publiant les noms des 70 députés (58 de La République en marche, une membre des Républicains, et onze représentants MoDem) sur son site internet ayant voté la motion de rejet préalable. 

Aurélien Pradié stupéfait par "la froideur" de LaRem 

Ce vendredi matin sur notre antenne, Aurélien Pradié, s'est réjoui d'avoir pu offrir un exemple de "belle politique", en unissant ses efforts à ceux de la plupart des groupes. "Je suis très fier, en commission, d’avoir pu recueillir des amendements de tous les groupes politiques sauf les Marcheurs qui se sont mis à part de ce combat-là. Je suis très fier d’avoir pu défendre la proposition dans l’Hémicycle avec la même colère que celle que François Ruffin a pu avoir", a-t-il posé. 

Au chapitre des députés de La République en marche, il a abondé dans le sens de son confrère: "J’ai vu des députés de La République en marche déconnectés, méprisants à l’égard de ces 80.000 personnes qui accompagnent les enfants handicapés. (…) C’était stupéfiant de voir cette froideur, ce sectarisme." Aurélien Pradié est allé jusqu'à dénoncer la "fainéantise" de députés de la République en marche "se considérant d'abord comme des porte-paroles du gouvernement". 

Sur le sujet de l'encadrement des élèves handicapés à l'école, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a indiqué que l'exécutif s'était déjà engagé sur son "chemin", et qu'une concertation était à venir. 

Robin Verner