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Ciblé par le logiciel espion Pegasus, le député insoumis Adrien Quatennens annonce déposer plainte

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Adrien Quatennens, député France insoumise élu dans le département du Nord, était l'invité de BFMTV-RMC ce mercredi matin. Il fait partie des personnalités politiques françaises espionnées par le logiciel Pegasus pour le compte de l'Etat marocain selon un consortium de médias internationaux.

L'affaire agite les chancelleries, les milieux politiques et journalistiques. Il faut dire qu'elle a tout l'air d'un scandale géopolitique majeur. Selon une enquête publiée dimanche par un ensemble de 17 médias internationaux, le Maroc a espionné, via le logiciel Pegasus, œuvre de la société israélienne NSO Groupe, au moins 180 journalistes, 80 militants des droits de l'Homme, 65 chefs d'entreprise et 600 personnalités politiques de par le monde. Parmi elles, rien de moins qu'Emmanuel Macron, des personnages liés à l'exécutif mais aussi des parlementaires de premier plan, dont Adrien Quatennens, député insoumis élu dans le Nord.

Ce dernier était l'invité de BFMTV-RMC ce mercredi matin, au lendemain de l'annonce d'une ouverture d'une enquête par le parquet de Paris.

"Je porterai plainte évidemment, ainsi que le mouvement de la France insoumise et le groupe parlementaire", a-t-il annoncé. Car pour lui, il ne fait aucun doute que c'est sa formation qui, au-delà de lui-même, était l'objectif du dispositif pirate: "Ce n’est pas ma personne qui est visée. Il est assez peu probable que les services secrets d’un État s’intéressent à mes photos de famille."

Un espionnage "sous-traité"?

Le député a expliqué le fonctionnement de Pegasus, qui transforme le smartphone ciblé en "passoire": "Vos messageries sont aspirées, vos photos, vos messages. Il peut activer votre caméra." En effet, le logiciel infiltre l'appareil et en exfiltre le contenu, les contacts et permet même d'écouter les appels.

Adrien Quatennens a évoqué l'origine de l'affaire: "Ce que je sais c’est que l’entreprise NSO est un groupe privé israélien qui n’agit qu’avec l’aval du gouvernement israélien. NSO Groupe a vendu cette solution Pegasus, officiellement pour lutter contre la criminalité et le terrorisme, à une quarantaine d’États, parfois peu scrupuleux".

C'est donc le Maroc qui est ici au centre des soupçons. "C’est pour le compte du Maroc qu’on serait ciblé", a repris l'insoumis qui a toutefois contrebalancé: "Mais on n'en pas la certitude". Il a relancé plus tard: "Si c’est le Maroc qui a commandité l’espionnage, pour le compte de qui ou pour quoi faire? Ça existe de sous-traiter un espionnage." "Si les faits sont avérés, il faut demander des comptes au Maroc et au gouvernement israélien qui doit vérifier comment les gouvernements utilisent ce logiciel", a-t-il martelé, à la suite de son chef de file, Jean-Luc Mélenchon, qui sur Twitter a aussi dénoncé d'éventuelles responsabilités étatiques israéliennes.

"Une attaque d'État à État"

"Adrien Quatennens, coordinateur du mouvement insoumis, espionné dans ses contacts avec toute la FI. Par une entreprise israélienne avec accord du gouvernement d'Israël et conseillée par un ancien ambassadeur de France en Israël. Quelle réplique prévoit Macron, lui aussi espionné?", a écrit mardi le candidat à la présidentielle sur le réseau social.

Une chose est sûre en tout cas selon Adrien Quatennens: "C'est une attaque d’ État à État". Le parlementaire tourne d'ailleurs ses regards vers l'État français. "J’ai été informé il y a quelques jours mais pas par les services: par des journalistes. Je salue leur travail mais on peut s’inquiéter que ce soit par voie de presse qu’un parlementaire soit informé!" "Si je l'ai appris par voie de presse, il est impensable que les services de renseignement français n’aient pas été au courant ou alors on a un vrai problème de sécurité intérieure", a-t-il argué.

Des questions en suspens

Après que, la veille, son confrère Alexis Corbière, député élu en Seine-Saint-Denis, a interpellé Jean Castex dans l'Hémicycle à ce propos, Adrien Quatennens a synthétisé les questions qui restent à éclaircir côté français selon lui: "L’État était-il au courant ? Les renseignements étaient-ils au courant ? L’État français a-t-il accès ou a recours à ce type de logiciels ?"

Si l'examen du dossier et de ses ramifications, ainsi que les échanges - qu'on pressent vifs - entre opposition et exécutif ne font donc que commencer, une source au sein de l'Elysée promettait mardi auprès de BFMTV: "Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. (...) Toute la lumière sera faite sur ces révélations".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV