Borloo prêt à soutenir le "pacte de responsabilité" de Hollande

Jean-Louis Borloo pourrait soutenir le pacte de responsabilité, si le texte comprend des "mesures concrètes". - -
La conférence de presse de François Hollande a immanquablement provoqué une cascade de réactions politiques. Premier constat: le tournant vers une politique sociale-libérale semble avoir porté ses fruits, même si le chef de l'Etat a refusé cette étiquette.
Jean-Louis Borloo s'est ainsi déclaré prêt à soutenir le Pacte de responsabilité proposé par François Hollande, "si ce texte contient des mesures concrètes, effectives et allant dans le bon sens". Le président de l'UDI émet tout de même quelques critiques: selon lui, le président a "confirmé ses aveux du 31 décembre dernier et notamment le fait d'avoir nié l'ampleur de la crise économique et sociale".
Même son de cloche du côté de Jean Arthuis (UDI), qui "salue la décision annoncée de supprimer les cotisations d'allocations familiales sur les salaires comme sur les revenus des travailleurs indépendants". Avec également quelques réserves: "La mesure doit s'appliquer immédiatement, il reste à en assurer le financement (il manque 15 milliards)."
Pour l'UMP, "Hollande fait du Hollande"
Les ténors de l'UMP, eux, fustigent l'intervention présidentielle. "François Hollande a fait du François Hollande. Des voeux pieux, du flou, des usines à gaz, des restes de vieille doctrine socialiste derrière des mots destinés à rassurer les entrepreneurs français déboussolés", a lancé Jean-François Copé.
"Pensez-vous, M. le président, qu'une baisse hypothétique de 10 milliards d'euros de charges d'ici trois ans est à la hauteur de l'enjeu pour redonner de la compétitivité aux entreprises?"
"J'ai vu que le président ne prenait aucun engagement précis sur le calendrier", a poursuivi le président de l'UMP. "Il dit 'd'ici 2017'. On voit donc très vite que la mystification se précise".
"A aucun moment il n'a été concret sur les baisses de dépenses publiques, comme d'habitude", a conclu Jean-François Copé.
Guillaume Peltier, lui, "aurait aimé être convaincu" par François Hollande. "Comment avoir confiance en un homme qui, au début de son quinquennat, disait exactement le contraire!(...)Je n'ai pas confiance", a notamment lancé le vice-président de l'UMP sur BFMTV.
Le PS salue le "courage" du président
Sans surprise, la satisfaction est de mise parmi les représentants du PS. A commencer par le Premier ministre, qui s'est exprimé à sa sortie de l'Elysée. Jean-Marc Ayrault a ainsi mis en avant "un contrat, un compromis qu'il [François Hollande, NDLR] propose au pays qui doit se construire. Il se construit entre partenaires sociaux, que je vais réunir avant la fin du mois avec les ministres concernés, et le Parlement y apportera sa contribution avec ses propres propositions".
Même élément de langage chez Harlem Désir: "Je salue et j'appuie le grand compromis social et le pacte de responsabilité présentés par le président de la République", déclare le Premier secrétaire du PS dans un communiqué. "C'est un geste de courage qui répond à l'exigence historique de redressement de notre pays et de sa force économique".
Le sénateur PS François Rebsamen, proche de François Hollande, a lui aussi rendu un hommage appuyé au chef de l'Etat: "Le cap de sa politique est maintenu, mais [François Hollande] veut aller plus loin et plus vite. Cette ambition sera portée par le Pacte de responsabilité avec un vrai rassemblement de tous pour gagner la bataille de l'emploi et de la réduction des dépenses publiques grâce à des réformes structurelles fortes".
Jean-Pierre Bel, le président du Sénat, a quant à lui salué "l'offensive courageuse lancée par le président de la République dans la bataille pour l'emploi, fondée sur un contrat social ambitieux entre les pouvoirs publics, les entreprises et les salariés et sur un effort poursuivi de simplification".
Le PCF dénonce un "cadeau au patronat", le FN un "refus obstiné du patriotisme"
Pour autant, le "pacte de responsabilité" présidentiel n'a pas réussi à dépasser (tous) les clivages partisans. Marine Le Pen, la présidente du Front national, a en effet jugé que François Hollande "s'[illusionnait] avec sa politique de l'offre et son pacte de responsabilité" et qu'il fallait "changer de modèle économique pour relancer la machine". D'après elle, "son refus obstiné du patriotisme économique, de la liberté monétaire et de la protection de notre industrie le mène dans une impasse".
Côté communiste, le compte n'y est pas non plus. Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, les annonces de François Hollande sont "une attaque profonde, un dynamitage en règle du modèle social et républicain français. En proposant la fin des cotisations familiales patronales, le Président de la République a répondu à une vieille exigence de classe du Medef et fait un nouveau cadeau de 30 milliards au patronat après les 20 milliards du CICE".
Au Parti de Gauche, enfin, Jean-Luc Mélenchon s'est une nouvelle fois fendu d'un tweet moqueur:
Tromperie assumée : #Hollande et #Gattaz, c'est du sérieux. Que les élus #PS et #Verts rompent les rangs ! (#ConfPR 1/2)
— Jean-Luc Mélenchon ! (@JLMelenchon) 14 Janvier 2014