Bayrou : « L'affaire Jean Sarkozy, un abus de pouvoir énorme »

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La polémique sur la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense (Epad) continue. Et pour le président du Modem François Bayrou, ce n'est rien de moins qu'un « abus de pouvoir énorme et une telle provocation pour les Français. Beaucoup ont des enfants qui ont fait des études, parfois brillantes, et qui galèrent, qui n'arrivent même pas à trouver un stage ou un petit boulot. »
« Jean Sarkozy "élu"... c'est une vaste blague ! »
Quant à l'argument consistant à dire que la candidature de Jean Sarkozy est légitime, car il a été élu conseiller général des Hauts-de-Seine, pour Français Bayrou, « c'est une vaste blague. Si on disait : le fils de Poutine est élu dans le 4ème canton de Moscou, celui qui comporte tous les fonctionnaires du Kremlin ; vous considéreriez sans doute qu'il n'est pas élu pour ses mérites, mais par la protection qui s'est étendue sur lui. C'est exactement la même chose : le canton où ce garçon [ndlr, Jean Sarkozy] a été élu, est un canton absolument protégé pour l'UMP. Ça n'est donc pas une élection, mais le choix du parti de son père de le présenter, qui a été le fait générateur. »
« L'Etat et le pouvoir ont tout organisé »
Et le président du Modem d'accuser : « C'est l'Etat et le pouvoir qui ont tout organisé », qui ont « fait démissionner » l'un des représentants des Hauts-de-Seine au conseil d'administration de l'Etablissement public pour laisser la place au fils du président de la République.
« À cause de cette affaire, nous sommes dans le ridicule triste, parce que, comme vous avez entendu hier Nicolas Sarkozy s'adresser aux lycées, il a dit : désormais en France, pour réussir il ne faudra plus être bien né, il faudra avoir fait la preuve, par son travail et par ses études, qu'on mérite cette réussite. » Loin de croire ici à un « pied-de-nez », l'ex-candidat du Modem à la présidentielle dénonce l'écart entre « d'un côté, les discours de campagne [du Président Sarkozy] et de l'autre, la réalité. [...] Pour tous les Français, c'est une offense à l'idée de justice [et] nous sommes la risée du monde entier », ajoute-t-il.
« Ils se couchent tous devant cette décision déraisonnable »
Persuadé qu'« en faisant ça, Nicolas Sarkozy ne rend pas service à son fils, ni à lui-même », le chef du Modem déplore : « le pire, c'est que personne n'ose aller lui dire. [...] Il y en a même un qui a dit : le fils d'un génie politique ne peut être qu'un génie [ndlr, Thierry Solere, premier Maire-adjoint de la Ville de Boulogne-Billancourt et Vice-président du Conseil Général des Hauts de Seine : « Pas étonnant que le fils d'un génie politique soit précoce »]. C'est un tel déchaînement de courtisaneries qu'on a l'impression que le pays perd peu à peu tous ses repères. Et tout le département des Hauts-de-Seine et tout le parti majoritaire se couchent devant cette décision déraisonnable. »
Mais dans les rangs de l'UMP, certains députés, craignant l'impact probable de cette affaire sur leur électorat, jugent cette candidature « inopportune ».
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