BFMTV
Politique

Baromètre des éditorialistes: "L'affaire du voile de l'Unef montre une dérive communautaire en france"

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy - BFMTV

L'apparition dans les médias d'une représentante de la section de l'Unef de l'université Paris-IV, Maryam Pougetoux, vêtue d'un voile a déclenché une vaste polémique. Ce lundi soir, notre éditorialiste, Bruno Jeudy, et le rédacteur en chef de Regards, Pierre Jacquemain, ont réagi.

Le voile couvrant les cheveux de Maryam Pougetoux, représentante du syndicat étudiant Unef pour Paris IV-Sorbonne, n'en finit plus d'être l'objet de controverses. Après que des figures politiques, dont les membres du gouvernement Gérard Collomb et Marlène Schiappa, ont réagi, ce lundi soir, notre éditorialiste Bruno Jeudy et le rédacteur en chef de Regards, Pierre Jacquemain, ont aussi exprimé leur avis sur le sujet. 

> Bruno Jeudy: "C'est une dérive communautariste à l'anglo-saxonne"

"Ce n’est pas forcément cette personne qu’il faut stigmatiser. Après tout, elle a le droit de porter son voile parce que c’est légal. Au passage, on aura remarqué que c’est un voile format hidjab qui couvre les cheveux, le cou, ce qui est le signe d’une rigueur religieuse revendiquée. Non, c’est sur le syndicat qu’elle représente qu’il faut s’étonner. Un syndicat qui se dit progressiste et féministe, l'Unef, qui a accepté de se faire représenter par une femme qui arbore les attributs d’une radicalité religieuse et sexiste. Il faut reconnaître que c’est assez déprimant.

Après sur le plan politique, je dirai qu’il faut tirer trois leçons. Premièrement, ça illustre les errements d’une partie de la gauche depuis les années 80, une gauche qui a tergiversé sur le port du voile à l’école, une gauche qui s’est accepté une laïcité avec des accommodements sur des horaires de piscine, dans les cantines, signe incontestable de l’affaiblissement de ce syndicat miné par l’entrisme. Deuxièmement, c’est sans doute une dérive communautaire et communautariste à l’anglo-saxonne qui est en train peut-être de s’installer en France. On voit bien cet aplatissement idéologique et quelque part aussi une remise en cause de la loi laïcité.

Et la troisième leçon, c’est la cacophonie chez les Marcheurs. On a entendu madame Schiappa, monsieur Collomb exprimer leur inquiétude voire le fait d’être choqués, quand on voit certains députés, notamment Aurélien Taché, qui lui s’accommode un peu de la situation et refuse de la remettre en cause. Au fond, il dit: 'Le syndicat a le droit'. Ce ‘en même temps’ ne pourra pas durer longtemps à mon avis et appelle sans doute un discours du président de la République."

> Pierre Jacquemain: "La manière qu'elle a de s'habiller ne regarde personne"

"On oublie une chose: elle est militante syndicale, elle fait de la politique. On occulte qu’elle défend l’intérêt général. On lui renvoie à la figure qu’elle serait la représentante d’un communautarisme alors qu’elle n’est que la représentante d’un syndicat qui est l’Unef, qui défend l’intérêt des étudiants, qui se bat contre le projet de réforme de Frédérique Vidal. Sa seule légitimité, son seul mandat aujourd’hui, il est celui-là. Il est celui d’une mobilisation étudiante contre un projet de réforme.

La manière dont elle s’habille ne regarde personne. Quand on défend le principe de laïcité, on n’a pas à juger la manière dont sont habillées ces jeunes femmes qui ont par ailleurs une religion. (…) L’Unef défend des valeurs progressistes et féministes, si elle adhère à l’Unef c’est qu’elle défend ces valeurs-là."

R.V.