Autonomie de la Corse: la réunion entre le gouvernement et élus reportée en raison des violences

Nouvelle manifestation violente en Corse, 14 manifestants et un policier blessés - Pascal Pochard-Casabianca / AFP
Des violences "inacceptables", a jugé Emmanuel Macron. Au lendemain des incidents qui ont émaillé la manifestation en hommage à Yvan Colonna qui s'est déroulée à Ajaccio, la réunion prévue à Beauvau entre élus corses et représentants du ministère de l'Intérieur est reportée, a appris BFMTV auprès de l'entourage du ministre.
Aujourd'hui, le gouvernement considère que "les conditions d'un dialogue normalisé ne sont guère réunies" pour envisager des discussions autour de l'autonomie de la Corse. Une lettre a été adressée à Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de l'île, pour l'informer de cette décision.
Violences lors d'une manifestation
Dimanche, 4000 personnes, selon les autorités, se sont rassemblées dans les rues d'Ajaccio pour rendre hommage à Yvan Colonna, militant nationaliste mort après avoir été violemment agressé par un co-détenu islamiste. Le cortège s'est élancé derrière deux larges banderoles portant le désormais traditionnel slogan "État français assassin".
Mené par Stéphane Colonna et le fils aîné de l'indépendantiste, des personnalités politiques comme Gilles Simeoni, Charles Pieri, ex-leader présumé du Front de libération nationale de la Corse (FLNC) ou encore Paul-Félix Benedetti, le leader du parti indépendantiste Core in Fronte, s'y sont joints.
Selon la préfecture, il y a eu 15 blessés parmi les manifestants et 12 parmi les forces de l'ordre. Répondant aux jets de cocktails Molotov et de bombes agricoles, les policiers ont répliqué avec des lances à eau, des grenades lacrymogènes et assourdissantes. Des véhicules, conteneurs ou panneaux électoraux, ont été incendiés. Un drapeau français a également été brûlé.
Evénements "inacceptables"
"Au cours des deux dernières semaines, 43 actions ou manifestations se sont déroulées, quasiment toutes émaillées de débordements violents, en présence d'élus pourtant censés participer aux discussions prévues à Paris", a fait valoir ce lundi l'entourage de Gérald Darmanin auprès de l'Agence France-Presse (AFP), précisant qu'il y avait eu, au total, "60 blessés", chez les manifestants et chez les forces de l'ordre.
"Ces événements sont inacceptables tant pour la démocratie, qui ne saurait faire preuve de complaisance vis-à-vis de la violence, que pour les Corses eux-mêmes qui désapprouvent ces évènements", a-t-on poursuivi.
Emmanuel Macron a jugé ce lundi sur France Inter que ces violences étaient "inacceptables", "y compris avec des responsables politiques en tête de cortège". Le président a rappelé qu'"un retour au calme" était un préalable à toutes discussions sur une possible autonomie. Cette condition avait déjà été énoncée à la mi-mars par le ministre de l'Intérieur juste avant une visite de trois jours sur l'île pour ouvrir un "cycle de discussions".
Gérald Darmanin s'était engagé à ouvrir "dès la première semaine du mois d'avril" des négociations sur "l'ensemble des problématiques corses", dont "l'évolution institutionnelle vers un statut d'autonomie restant à préciser". Les discussions devaient se poursuivre au ministère en raison de la période de réserve électorale. Le ministre avait toutefois précisé sur France Bleu RCFM proposé de commencer à travailler sur ce projet "avant le premier tour de l'élection présidentielle et poursuivre ce travail "tout l'été".