Au menu du dîner de Hollande avec les chefs de partis : soupe à la grimace

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -
Officiellement non ! Les cinq chefs de parti ont quitté l'Elysée avec le sourire. Ils ont bien dîné. Mais ont-ils été rassasiés ? C'est toute la question ! Autour de la table, il y avait le socialiste Harlem Désir, le radical Jean-Michel Baylet, l'écologiste Pascal Durand, le chevènementiste Jean-Luc Laurent et Robert Hue qui a été à la tête du parti communiste et qui est maintenant président du Parti unitaire progressiste. Le début du repas a d'abord porté sur la situation du pays, le climat dans les banlieues avec les violences survenues à Trappes. Pascal Durand a évoqué des discussions normales. C’était plus une projection vers l'avenir. Finalement, il n'y a pas eu de bilan de l'année écoulée. De toute façon, l'intérêt de ce dîner, c'était la photo ! Montrer une majorité ressoudée autour du président...
Mais le patron de la majorité...normalement, c'est le Premier ministre !
Oui... Mais là, c'est le président de la République. D'ailleurs, Jean-Marc Ayrault a été invité à la dernière minute ! François Hollande est atteint du syndrome sarkozyste qui consiste à traiter son premier ministre comme son collaborateur. Le patron, c'est Hollande. Il fallait qu'il montre son autorité car la majorité absolue du PS ne tient qu'à un fil à l'Assemblée. Ça se joue à 3 sièges. Les alliés invités lundi soir le savent, et ils en jouent. Les radicaux ne digèrent pas la fin du cumul des mandats. Ils se rebellent. Les Verts veulent peser sur la transition énergétique. Même les chevènementistes qui ne pèsent que 3 députés font valoir des revendications. Sur la lutte contre le chômage notamment...
Mais les sujets qui fâchent n'ont pas été évoqués lundi soir ? Les retraites, les élections municipales...
En filigrane... Le président n'allait pas s'abaisser à montrer à ses alliés qu'il avait besoin d'eux. La réforme des retraites était au menu. François Hollande craint un revers de bâton lors des élections municipales. L’aile gauche du PS demande à François Hollande de retirer la reforme. Les élections municipales bien sûr. Le président a confié son inquiétude de voir le Front national prospérer dans certaines régions. D'autant que le PS vient d'essuyer huit défaites en un an lors de législatives partielles et dans deux cas le socialiste a été balayé dès le premier tour. Lundi soir, François Hollande a demandé aux chefs de parti de plus travailler ensemble. Il a donné un mot d'ordre: l'union dès le premier tour pour les municipales...
Ce dîner va- t-il servir à quelque chose... Les cinq chefs de parti ont-ils l'intention d'être derrière le chef de l'état ?
Ah ! Ceux qui râlent ont compris qu'ils seraient privés de dessert. Les radicaux, les chevènementistes, les hommes de Robert Hue sont prêts à jouer le jeu. L’écologiste Pascal Durand est plus prudent. Les verts Veulent présenter des candidats indépendants dans les villes de plus de 100 000 habitants. Mais pour les autres communes il devrait y avoir une stratégie de rassemblement. Lundi soir, pas de soupe à la grimace car tous les chefs de parti ont vanté les qualités d'écoute du président. Mais on verra comment se porte l'union de la majorité au moment des élections municipales. Ce sera le moment de vérité.
Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du mardi 23 juillet : Les Coulisses de la Politique