Attentat à Charlie Hebdo: sous le choc, la classe politique appelle à l'unité

François Hollande arrive au siège de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 - Kenzo Tribouillard - AFP
"Choc" face à "un attentat d'une exceptionnelle gravité": tels ont été les mots de François Hollande à propos de l'attentat au siège du journal Charlie Hebdo mercredi, un "choc" et une "horreur" partagés par l'ensemble de la classe politique, qui a appelé à l'unité nationale.
Avant une déclaration plus solennelle depuis l'Elysée à 20 heures, le président est arrivé mercredi midi sur place très rapidement après l'attaque qui a fait 12 morts, entouré notamment de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, de la maire de Paris Anne Hidalgo, et de Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France. Tous avaient le visage défait et grave.
"Fermeté" et "unité nationale"
"La France est aujourd'hui devant un choc, un choc qui est celui d'un attentat, car c'est un attentat, terroriste ça ne fait pas de doute, et par rapport à un journal qui avait été plusieurs fois menacé, qui était justement protégé", a déclaré François Hollande. Et d'en appeler à l'unité nationale: "Dans ces moments-là il faut faire également bloc, montrer que nous sommes un pays uni, que nous savons réagir comme il convient. C'est-à-dire avec fermeté, mais avec toujours le souci de l'unité nationale."
Ses ministres étaient à l'unisson: "Horreur et consternation. La République attaquée au coeur" pour Najat-Vallaud Belkacem (Education).
"Plus de larmes que de mots face à l'horreur de l'attentat dont sont victimes # CharlieHebdo, ses salariés, les policiers et leurs familles" pour Laurence Rossignol (Famille).
Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, a lui aussi parlé de République "attaquée au coeur".
"Attentat barbare"
L'opposition partageait largement cette indignation. Nicolas Sarkozy, dans une de ses premières interventions officielles au siège de l'UMP depuis son élection fin novembre, a estimé que la France était victime d'un "attentat barbare", "abject", qui "heurte la conscience humaine", une "atteinte directe sauvage" à la liberté d'expression. Et d'appeler lui aussi la République "à se rassembler".
Même tonalité aussi chez l'ancien Premier ministre UMP François Fillon: "La France est frappée par le terrorisme. Les criminels espèrent nous intimider; non, ils renforcent notre courage! Ils espèrent nous diviser; ils renforcent notre unité!" "Aux criminels terroristes, opposons notre unité nationale, notre sang froid, notre détermination implacable", a-t-il poursuivi.
Alain Juppé, maire de Bordeaux (UMP), a lui aussi fait appel à l'unité sur Twitter, où de nombreuses réactions étaient publiées mercredi.
"Face à ce terrible attentat terroriste, faire bloc, prendre tous les moyens d'agir avec une totale détermination." "Un seul devoir, nous serrer les coudes" et "faire l'union nationale", a aussi jugé François Bayrou, rappelant qu'il était allé avec François Hollande témoigner au procès contre les caricatures de Charlie Hebdo et "dire que la liberté de la presse, y compris de caricature, est une des pierre angulaires des droits de l'Homme".
"Le nom des meurtriers est connu: lâches, assassins"
La présidente du FN Marine Le Pen a elle aussi fait part de son "choc", mais a immédiatement dénoncé un "attentat terroriste commis par des fondamentalistes islamistes". "Aujourd'hui, si vous voulez, c'est le moment de la compassion à l'égard des victimes, des policiers, des journalistes, de leurs familles, des blessés, face à ce qu'il faut nommer: un attentat terroriste commis par des fondamentalistes islamistes", a déclaré Marine Le Pen à l'AFP. "Il sera temps dans les heures qui viennent de s'interroger sur la gravité de la menace, sur les moyens mis en oeuvre pour lutter contre cette menace, tout ceci nécessite d'attendre l'arrestation de ces assassins qui semblent être des soldats (...) Il y a une professionnalisation des attentats."
Pour le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, "le nom des meurtriers est connu: lâches, assassins, 'tuent les sans défense'. Le nôtre: chagrin et réplique républicaine".
"Un des biens les plus précieux de la République vient d'être attaqué: la liberté de la presse", a réagi Gérard Larcher, président du Sénat.
"La stupeur nous envahit face à cet acte d'une atrocité démente (...) Les institutions républicaines doivent immédiatement prendre la mesure des réactions à adopter pour défendre (...) nos valeurs", a commenté son homologue de l'Assemblée Claude Bartolone.