BFMTV
Politique

Après Cahuzac mardi, vendredi c'est Sarkozy

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

La mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt a provoqué un choc qui dépasse largement les frontières de l’UMP. Sa garde rapprochée observait hier soir un silence total.

« Pas d’inquiétude », a glissé l’un des plus proches amis de l’ex-président, comme pour conjurer le mauvais sort. Mais pas un mot de plus : aucun des membres de la Firme Sarkozy, le tout premier cercle de l’ancien président, n’a souhaité s’exprimer. Brice Hortefeux, Pierre Charon, tous les anciens conseillers, tous en mode silencieux. Seul maître Thierry Herzog est autorisé à parler : « Je suis stupéfait, scandalisé », a déclaré l’avocat et ami, qui déposera un recours lundi pour tenter de stopper la machine.
Jean-François Copé a eu Nicolas Sarkozy au téléphone peu après sa sortie du palais de justice de Bordeaux. Le président de l’UMP a donné instruction à ses porte-paroles de répondre aux médias, des seconds couteaux diraient les mauvaises langues. Mais les ténors n’ont pas bougé et sont restés eux aussi aux abonnés absents…

Il y a eu quand même quelques rares exceptions, comme Laurent Wauquiez !

« Je ne crois pas au hasard du calendrier », a expliqué le vice-président de l’UMP, qui établit un lien direct avec Jérôme Cahuzac, sous le coup depuis mardi d’une information judiciaire contre X pour blanchiment de fraude fiscale, comme s’il s’agissait là d’une réplique. Alors que le juge Gentil, le mal-nommé, jouit d’une solide réputation d’indépendance. Un responsable UMP, au siège du parti, a jaugé la situation à l’aune de l’expérience précédente : « Nous avons tiré quelques enseignements de la crise de décembre dernier : inutile de réagir à chaud, ça ne changera pas grand chose ».

Il n’y a qu’un seul précédent de mise en examen de président sortant… Jacques Chirac !

Novembre 2007, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Et encore, le président Chirac, affaibli, avait quitté la scène politique. Le scénario est différent pour Nicolas Sarkozy, dont les intentions d’un éventuel retour au tout premier plan alimentent les commentaires politiques depuis dix mois. Lui-même entretient le suspense. Jusque-là, le prédécesseur de François Hollande avait été relativement épargné par les affaires, même si son nom est cité dans d’autres dossiers, celui de Karachi, sur un financement supposé de la campagne d’Edouard Balladur en 95, le dossier Tapie-Lagarde ou les sondages à l’Elysée, mais rien de concret à ce jour.

Cela va gêner son éventuel retour en politique ?

La situation rend la chose plus hypothétique : jusqu’à hier matin, Nicolas Sarkozy jouissait d’une popularité retrouvée après des années de rejet. Le voilà soumis au temps judiciaire, qui peut entraver, s’il se prolonge, une candidature en 2017. Nous n’en sommes pas là. Comme pour Jérôme Cahuzac, qui lui n’est pas mis en examen, le poids du soupçon place automatiquement le parcours politique entre parenthèses. Le calendrier Sarkozy va désormais se conjuguer avec celui de l’instruction judiciaire, pour une durée indéterminée. Au final, avec la semaine que nous avons vécue, il n’est pas interdit de penser que la politique devient folle !

Jean-François Achilli