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Politique

Adoption par les couples gays: un député UMP pour la rupture de filiation

Le député UMP Daniel Fasquelle propose que les enfants adoptés par des couples gays puissent révoquer leur filiation à 18 ans.

Le député UMP Daniel Fasquelle propose que les enfants adoptés par des couples gays puissent révoquer leur filiation à 18 ans. - Lionel Bonnaventure - AFP

Le député-maire du Touquet, Daniel Fasquelle, a proposé vendredi la possibilité pour les enfants adoptés par un couple homosexuel de révoquer leur filiation à leur majorité, les considérant comme "prisonniers". Cette déclaration a suscité de nombreuses réactions, sauf à l'UMP.

L'information aurait pu passer inaperçue. Mais le choix des mots a projeté l'attention sur cette proposition de loi déposée vendredi dernier par un député UMP proche de Nicolas Sarkozy. L'élu surfe sur les déclarations de l'ex-chef de l'Etat lors du meeting de Sens commun, un courant de l'aile droite de l'UMP, qui évoque désormais l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage gay et l'adoption par les couples homosexuels. Daniel Fasquelle, député-maire du Touquet, dans le Nord, souhaite donc aller plus loin.

L'élu de la Côte d'Opale propose de permettre aux enfants adoptés par des couples homosexuels de révoquer leur filiation dès leur majorité, s'ils le souhaitent. 

Des enfants "prisonniers"

Dans un courrier à ses collègues députés, évoqué par Metronews, Daniel Fasquelle évoque un "problème de fond sur le sort des adoptions déjà prononcées" car elles "ne seraient pas remises en cause par une nouvelle loi". Contacté par le quotidien, le député détaille sa proposition: "A 18 ans, les enfants prisonniers d'une filiation avec des couples homosexuels devraient pouvoir confirmer l'adoption ou la remettre en cause afin de rétablir une filiation avec leurs parents biologiques".

Parlant de "droit d'option", l'élu du Touquet, interpellé par Le Lab, admet avoir eu une "expression maladroite" en parlant d'"enfants prisonniers de filiation". S'il retire ses propos, il maintient toutefois son idée, expliquant que "l'adoption plénière des couples homoparentaux empêche l'enfant de rétablir un lien avec ses parents biologiques". 

Flop de la proposition à l'UMP

Son initiative ne semble pas avoir pris: la proposition de loi a fait un "flop", comme le rappelle Metronews. Parmi les 200 députés UMP à qui le texte était soumis, seule une "trentaine" aurait accepté de le signer. Et dans le camp de la droite, c'est le silence total. En privé, le texte est jugé brouillon, et c'est bien le terme de "prisonnier" qui semble avoir mis les élus mal à l'aise. D'autant que depuis la proposition de Nicolas Sarkozy d'abroger la loi Taubira, nombreux sont ses soutiens à s'être déclarer défavorables à cette prise de position.

Pour autant, pas de quoi rassurer les défenseurs de la loi Taubira. L'Association des familles homoparentales (ADPH) "dénonce une posture insultante et extrêmement grave", qualifiant la proposition de loi de Daniel Fasquelle de "fondamentalement homophobe". Jean-Luc Romero, élu du 12e arrondissement de Paris et militant associatif préfère lui répondre par l'ironie.

mise à jour à 18 heures

Daniel Fasquelle a précisé dans un communiqué qu'il "ne différencie pas les couples homosexuels et hétérosexuels" dans son projet de loi et encore moins "d'une possible remise en cause de l'adoption par les couples homosexuels qui ont eu lieu depuis le vote de la loi Taubira". En outre, le député UMP assure que "Nicolas Sarkozy n'est en rien dans cette démarche initiée seul".

J.C.