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Politique

A Rome, Valls confie ses difficultés sous le quinquennat Hollande

Manuel Valls

Manuel Valls - JACQUES DEMARTHON / AFP

Manuel Valls a donné une conférence jeudi à Rome, dans l'enceinte de la Luiss School of Government, a signalé Le Monde ce vendredi. Tour à tour, l'ancien Premier ministre a évoqué l'échec à ses yeux du quinquennat précédent, le mal que François Hollande avait selon lui à communiquer, ainsi que sa trajectoire personnelle.

Loin des oreilles de l'Assemblée nationale et de l'œil des caméras françaises, Manuel Valls a donné une conférence en petit comité ce jeudi à Rome, dans la Luiss School of Government, qui l'y avait invité. Comme l'a remarqué le correspondant du Monde sur place, l'ex-Premier ministre, désormais parlementaire élu dans l'Essonne, en a profité pour livrer quelques confidences. 

Reconnaissant "l'impréparation" de son camp après la victoire de 2012, il a expliqué que François Hollande s'était entretenu avec lui dès la fin de l'année 2013, alors que Jean-Marc Ayrault était encore à Matignon, au sujet de sa vision des relations entre un président de la République et son Premier ministre.

Pour autant, les discussions avec François Hollande ne lui ont pas forcément paru très satisfaisantes. En effet, lors de sa prise de parole jeudi à Rome, Manuel Valls a dépeint l'ancien chef de l'Etat comme un homme peinant à communiquer: "Il ne m’a jamais annoncé que j'étais Premier ministre. En réalité, c’est mon prédécesseur Jean-Marc Ayrault qui me l’a dit. Il était comme ça, il avait du mal à dire les choses…"

"J'ai eu la très grande idée de nommer Macron" à Bercy

Difficulté à dire les choses, mais aussi à les faire dans les temps, selon son ex-Premier ministre, qui estime avoir été propulsé trop tard à la tête du gouvernement: "Le président a fait début 2014 un virage net, même s’il ne l’avouera jamais, et il n’a pas changé de Premier ministre tout de suite. Là, il y a quelque chose qui ne marche pas". Celui qui dit aujourd'hui se sentir bien dans le groupe La République en marche à l'Assemblée nationale n'a pas manqué de se féliciter d'avoir nommé Emmanuel Macron à Bercy en août 2014: "C’est là que j’ai eu la très grande idée de nommer Emmanuel Macron au gouvernement."

Après avoir concédé que le quinquennat dans son ensemble avait été un échec, Manuel Valls admet une erreur plus personnelle: la loi Travail. Au cours de sa conférence à Rome, il a fustigé un "énorme raté de communication" gouvernementale avant d'ajouter: "Quand vous préparez mal une réforme, que vous ne l’expliquez pas bien et que vous la faites passer de force…". Echec encore: après son départ de l'hôtel Matignon, il avait concouru, sans succès, à la primaire à gauche en vue de la présidentielle. Manuel Valls a assuré s'être lancé dans cette course "désorienté". 

Et cette désorientation ne lui serait pas propre: la social-démocratie européenne, assure-t-il, ne savait plus où elle en était, incapable de trouver une solution à la "crise d'identité des peuples". 

Robin Verner