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2017: comment les proches de Hollande tentent de faire oublier la primaire

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Stéphane Le Foll, Bruno Le Roux, Jean-Pierre Mignard… Ces derniers jours, les proches de François Hollande ont évoqué l'éventualité que le Président, une fois candidat, ne se présente pas dans le cadre de la primaire. L'hypothèse fait bondir certains candidats.

L'offensive a commencé il y a quelques semaines, pour s'intensifier à l'issue du second tour de la primaire à droite. Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste, a laissé entendre sur le plateau de France Info que la primaire n'était finalement plus si incontournable pour le chef de l'Etat. La stratégie adoptée: rejeter la responsabilité sur les candidats qui refusent de se prêter au jeu du scrutin interne. "Le principe de la primaire, c'est de rassembler. Si aujourd'hui on a quatre candidats à l'extérieur, la question de la primaire se pose".

Une déclaration qui n'arrive pas au hasard: la sénatrice est connue pour être proche de François Hollande. Elle relaie un message visiblement destiné à préparer les esprits.

La primaire, "une anomalie"?

Dès le lendemain, Stéphane Le Foll a pris le relais. Dans une interview aux Echos, le porte-parole du gouvernement a lui aussi utilisé l'argument du rassemblement pour tenter de convaincre du bien-fondé de l'abandon de la primaire.

"La primaire était prévue pour qu'il y ait un rassemblement. Appeler la droite à participer à la primaire de la gauche pour pouvoir empêcher François Hollande, comme l'a fait Arnaud Montebourg, cela ne peut pas être accepté. Quant aux radicaux, ils ont décidé de passer outre, avec les conséquences que cela implique. La primaire ne sert à rien si c'est pour refaire l'histoire du quinquennat."

A son tour, Bruno Le Roux a mis en doute mardi l'opportunité pour François Hollande d'y participer. "Il faut un rassemblement. Et aujourd'hui on voit que la primaire, malheureusement, ne permet pas ce rassemblement". Comme un air de déjà-vu dans l'argument du chef de la majorité socialiste. L'avocat Jean-Pierre Mignard, ami de François Hollande, estime lui que "le président sortant n’a pas à se présenter devant un conseil de famille mais devant le peuple tout entier." 

Même Sylvia Pinel, présidente du Parti radical de gauche et candidate à la présidentielle hors de la primaire, qualifie le scrutin "d'anomalie".

"Le président de la République sortant devrait descendre dans l'arène d'une primaire et aller débattre avec les uns ou les autres qui pour la plupart ont été ses ministres? Je trouve que ce n'est pas digne, pas à la hauteur du président de la République".

Le ton est donné. Les proches du Président, conscients de son déficit de popularité, craignent que la primaire devienne un référendum anti-Hollande.

Cambadélis forcé d'intervenir

Mais parmi les candidats déjà déclarés de la primaire, on refuse de se laisser faire. "Un processus irréversible est lancé", estime sobrement le camp de Benoît Hamon, interrogé par L'Opinion. Mercredi matin sur BFMTV et RMC, Arnaud Montebourg a employé des termes plus forts: "Si Hollande n'allait pas à la primaire, ce serait un coup de force inacceptable", a-t-il prévenu avant d'ajouter que selon lui, "il ne s'en relèverait pas".

Une escalade verbale qui a le don d'agacer Jean-Christophe Cambadélis. "Il fait la leçon sur la primaire, lui qui avait annoncé sa candidature en août possiblement hors primaire!", s'étrangle le patron du PS sur Twitter.

Malgré son irritation, le premier secrétaire a bien été obligé d'intervenir dans ce marasme… Pour confirmer que la primaire aurait bien lieu, et que François Hollande y participerait. Mais la situation est complexe: Jean-Christophe Cambadélis lui-même a pris en main l'organisation de la primaire, au moment où elle était envisagée comme un moyen d'assurer une légitimité au futur candidat Hollande.

C'est avec sa "Belle alliance populaire" qu'il a travaillé sur le projet, et en a fixé l'agenda en fonction de celui de François Hollande. Le soudain recul envisagé par les proches du Président le place dans une situation difficile. Seule une annonce claire de François Hollande pourrait mettre fin à cet imbroglio.

Ariane Kujawski