Volonté de tuer ou accident de voiture? Les assises se penchent sur une affaire vieille de 12 ans

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L'affaire avait commencé comme un tragique accident: une passagère grièvement brûlée après la sortie de route du véhicule conduit par son compagnon. Ce dernier, finalement soupçonné d'avoir voulu l'assassiner, sera jugé à partir de lundi devant les assises du Val-d'Oise.
La cour va se pencher, deux semaines durant, sur ce dossier vieux de près de douze ans dans lequel l'accusé crie à l'"erreur judiciaire".
Après l'accident, la jeune femme se transforme en torche vivante
Tard dans la soirée du 9 novembre 2007, Johann B., 22 ans, et sa fiancée de 20 ans percutent un arbre sur une départementale du Val-d'Oise.
Le véhicule ne dépassait pas les 40km/h et ils sont à peine contusionnés. Mais la jeune femme se transforme en torche vivante en sortant de l'habitacle.
Visage, cou, dos, bras... La moitié de son corps est brûlée. D'abord dans le coma, l'étudiante en histoire, est hospitalisée plus de six mois et subit de nombreuses greffes. C'est alors qu'elle commence à s'interroger sur l'origine des flammes.
Le jeune homme suspecté d'avoir tenté de tuer sa fiancée
Ses doutes rejoignent ceux des gendarmes, qui suspectent Johann B. de l'avoir aspergée d'alcool à brûler après avoir délibérément percuté l'arbre. Son mobile ? Le jeune ouvrier dans une imprimerie surveillait sa fiancée et se doutait qu'elle voulait rejoindre un homme qu'elle venait de rencontrer.
Johann B., qui comparaîtra libre après avoir été incarcéré près de sept mois en 2009, a toujours contesté cette thèse.
Il avance que la bouteille d'alcool à brûler en plastique qu'il venait d'acheter en vue d'une fondue savoyarde a été projetée, sous l'effet du choc, de la banquette arrière vers le tableau de bord et s'est fendue. Expertises privées à l'appui, il soutient que le liquide a pu se répandre uniquement sur sa passagère et s'enflammer à la moindre étincelle.
Pour l'un de ses deux avocats Claude Llorente, les deux occupants de la voiture ont ainsi été pris dans une "accumulation de circonstances". "Il fallait être chimiste pour vraiment comprendre" et certains des experts mandatés par la justice n'étaient "pas au niveau", estime-t-il.
"J'espère qu'on établira à l'audience que cette théorie surréaliste relève du fantasme", rétorque Frédéric Zajac, l'avocat de la jeune femme.
Accident ou tentative d'assassinat: l'affaire divise
Avant eux, d'autres magistrat opposés sur cette affaire.
Début 2017, une juge d'instruction avait prononcé un non-lieu, estimant "impossible" que l'accusé asperge sa passagère de liquide et l'enflamme sans qu'elle s'en aperçoive, selon une source proche du dossier. Elle notait aussi qu'il s'agissait d'un "moyen particulièrement complexe de tuer, dangereux pour l'agresseur lui-même" et à la réussite incertaine.
Après appel du parquet, la chambre de l'instruction a au contraire décidé que le jeune homme serait jugé pour tentative d'assassinat.