BFMTV
Police-Justice

Violences conjugales: des consultations d'avocats gratuites proposées aux femmes

Moins de la moitié des victimes de violences conjugales entament des démarches auprès d'un professionnel.

Moins de la moitié des victimes de violences conjugales entament des démarches auprès d'un professionnel. - AFP

Le Barreau de Paris organise ce mercredi des consultations gratuites à l'attention des femmes victimes de violences. En France, moins de la moitié de ces victimes engagent une procédure judiciaire.

L'affaire Weinstein a libéré la parole. Avec le mouvement #Balancetonporc ou #Metoo, de nombreuses femmes ont enfin pu témoigner du harcèlement ou des agressions sexuelles dont elles ont été victimes. Une parole prise sur les réseaux sociaux et principalement sur les réseaux sociaux. Car, sur les 225.000 femmes qui se sont déclarées victimes de violences physiques ou sexuelles par leur conjoint en 2016, plus de la moitié n'ont fait aucune démarche auprès d'une association ou d'un professionnel. Pire, elles ne sont que 19% à avoir porté plainte, selon l'Observatoire nationale des violences faites aux femmes.

Afin de transformer les initiatives sur les réseaux sociaux en véritable démarche judiciaire, le Barreau de Paris et l'Ordre des avocats de Paris organise ce mercredi dans la capitale des consultations juridiques gratuites*. Un accompagnement, sans rendez-vous, nécessaire voire obligatoire pour la prise en charge des victimes et la reconnaissance de leur statut. "C’est indispensable d’avoir un conseil juridique quand on est victime de violences, car on n’est pas préparé en réalité à ce qu’est une procédure judiciaire", estime Me Sophie Soubiran, avocate membre de la Fondation des femmes.

Une parole mise en doute

Le nombre de plaintes pour violences sexuelles continuent d'augmenter en France avec une hausse de 30% en novembre dernier par rapport au même mois de l'année précédente. Afin une meilleure prise en compte de la parole de ces victimes, les formations des policiers et gendarmes ont été renforcées. Mais malgré ces dispositifs, la compréhension d'une démarche judiciaire par des femmes souvent choquées, perdues, reste la grande inconnue. Et surtout une nouvelle épreuve.

"Une procédure judiciaire c’est une procédure dans laquelle votre parole est mise en doute, dans laquelle votre parole est contredite et dans laquelle il va falloir apporter des preuves, rappelle Me Soubiran. Un avocat est indispensable dans ce contexte-là."

L'épreuve de la justice

Cette jeune femme, que BFMTV a rencontré, a été victime de violences conjugales. Elle regrette aujourd'hui ne pas avoir pris conseil auprès d'un professionnel alors que sa plainte a été classée sans suite. "J’avais plusieurs bleus à la cuisse, j’avais des ITT et j’avais eu un texto, que j’avais fait certifier par huissier, où il s’excusait pour les bleus… Ca ne suffisait pas, confie-t-elle. Il fallait un dossier beaucoup plus fourni pour l’ordonnance de restriction." Malgré ses éléments, la justice n'a pas été en mesure d'ouvrir une enquête. Un nouveau choc pour la victime.

"C’est extrêmement traumatisant. On ne peut pas se réparer derrière, on n’a jamais été reconnu en tant que victime. Je pense que ce qui m’a manqué c’est d’avoir vu un avocat qui connaît le cycle de la violence, les violences faites aux femmes, les violences conjugales", conclut-elle.

* Consultations gratuites et sans rendez-vous de 10 heures à 16 heures au Parc rives De Seine, dans le Ier arrondissement de Paris

Justine Chevalier avec Cécile Danré et Antoine Corver