"Une faute disciplinaire": un rapport de l'IGPN met en cause la commandante de police dans l'affaire Hedi

Ce rapport, versé au dossier il y a déjà plusieurs mois, souligne un usage "disproportionné" de la violence à l'égard d'Hedi Rouabah. Le jeune homme avait été défiguré, visé par un tir de LBD et roué de coups par des policiers de la BAC, dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 à Marseille.

L'enquête se poursuit dans l'affaire Hedi Rouabah, grièvement blessé en juillet 2023 à Marseille par des policiers de la BAC, en marge des violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Il y a quelques mois, près de deux ans plus tard, l'IGPN a rendu son rapport. Et son constat est sans appel: les quatre policiers mis en cause dans le dossier ont fait preuve d'une violence "disproportionnée", apprend BFMTV.com d'une source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart et Marsactu.

Autre constat que dresse le rapport de la police des polices: la commandante de l'unité, présente au moment des faits, a pour sa part commis une "faute disciplinaire" en n'empêchant pas ses équipes de se livrer à un tel déferlement de violence. Une observation qui vient à l'encontre des propos de Virginie G., la commandante de police en question, qui avait assuré qu'elle n'avait pas été témoin de cet épisode.

Contactée ce jeudi, la défense de la victime se dit "satisfaite" des conclusions de ce rapport et estime que les éléments au dossier montrent que cette commandante de police a même commis des faits constitutifs d'une infraction pénale.

"Ce rapport nous conforte dans notre idée et ne fait que confirmer ce que l'on avance depuis plusieurs mois, à savoir que la commandante de police a assisté aux violences commises par ses subordonnés et qu’elle s’est abstenue d’intervenir et d’y mettre un terme en dépit de son pouvoir hiérarchique", réagit Me Mehdi Khezami auprès de BFMTV.com. "Cette abstention constitue une faute disciplinaire selon l’enquête administrative."

L'avocat considère également "que le comportement de la commandante caractérise, également, plusieurs infractions pénales et qu’il existe, à ce stade de la procédure, des indices graves ou concordant justifiant sa mise en examen".

Touché par un tir de LBD et roué de coups

Dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023, des échauffourées secouent certains quartiers de Marseille en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un refus d'obtempérer à Nanterre.

Lors de ces émeutes, Hedi Rouabah, âgé de 22 ans, est touché à la tête par un tir de LBD. Selon son récit, quatre policiers s'en prennent ensuite violemment à lui. Une version corroborée par des séquences vidéos depuis dévoilées par Mediapart, sur lesquelles on voit le jeune homme roué de coups par les fonctionnaires.

Grièvement blessé, Hedi Rouabah a dû subir une série d'interventions chirurgicales et a vu une partie de son crâne amputée. Interrogé, l'un des policiers de la BAC avait fini par reconnaître avoir visé le jeune homme lors du tir de LBD. Après 40 jours de détention provisoire, ce policier a finalement été libéré début septembre 2023.

Elisa Fernandez