Une fausse victime du 13-Novembre jugée en mars pour escroquerie

Une plaque commémorative érigée en mémoire des victimes de l'attentat contre le Bataclan, dévoilée à Paris, le 13 novembre 2017 - STEPHANE DE SAKUTIN, AFP/Archives
Elle s'était fait passer pour une victime du 13-Novembre et avait touché 25.000 euros d'indemnisation. Elle avait même été embauchée par une association de victimes: une femme sera jugée le 22 mars prochain à Créteil pour escroquerie.
Florence, 49 ans, jugée mercredi en comparution immédiate, a sollicité un renvoi pour préparer sa défense. Interpellée la veille, la prévenue, cheveux roses et visage impassible, n'a pas exprimé de regrets lors de cette première audience. Le tribunal a décidé de la maintenir en détention.
Une fausse facture
Le 16 février 2016, Florence, bracelet électronique à la cheville car déjà condamnée à trois reprises pour escroquerie, avait raconté "avec force détails", selon un policier, l'attaque du Bataclan.
En sa possession, une facture pour deux places de concert, falsifiée à partir de documents récupérés auprès de membres de l'association de victimes Life for Paris (LFP), dont elle a été salariée pendant neuf mois. "A l'époque où on ne faisait pas de vérification", se souvient Caroline Langlade, son ancienne présidente.
Grâce à ce justificatif, l'affabulatrice, qui vit avec sa mère à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne, a obtenu 25.000 euros du Fonds de garantie des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) et plus de 13.000 euros de l'Assurance maladie. Elle a également tenté de berner la mairie de Paris, auprès de laquelle elle a demandé un logement social, en vain.
Au sein de LFP, qu'elle avait rejoint dès sa création en décembre 2015, Florence avait raconté non pas qu'elle était dans la salle de concert, mais que son meilleur ami y avait été blessé lourdement et qu'elle lui rendait visite régulièrement à l'hôpital.
Faux témoignages sur les réseaux sociaux
La quadragénaire est allée jusqu'à créer un compte Facebook au nom de son ami imaginaire "qu'elle alimentait avec commentaires, photos, histoires perso", explique Arthur Dénouveaux, actuel président de Life for Paris. L'association n'ayant pas accès à la "liste unique des victimes" éditée par le parquet, elle n'a pas pu vérifier l'identité de cet homme.
Des voyages et achats "expansifs" ont fini par intriguer certains membres de l'association, laquelle a enquêté et accumulé des preuves pendant des mois, avant de la dénoncer aux autorités à l'automne 2017.
"On lui a même organisé un pot de départ"
"Pour qu'elle ne se doute de rien, sur les conseils de la police et de notre avocat, on a joué le jeu pendant des mois devant elle. On lui a même organisé un pot de départ!", explique Arthur Dénouveaux, qui regrette qu'elle n'ait pas été démasquée plus tôt par les enquêteurs.