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Police-Justice

Une dizaine de prisons présentent un risque incendie élevé

L'OIP pointe la vulnérabilité d'une dizaine de prisons au risque incendie (photo d'illustration)

L'OIP pointe la vulnérabilité d'une dizaine de prisons au risque incendie (photo d'illustration) - Thomas Samson/AFP

Régulièrement pointées du doigt pour leur surpopulation, les prisons françaises le sont aujourd'hui pour leur vulnérabilité aux incendies. L'Observatoire international des prisons a saisi le Conseil d'Etat pour que l'administration engage des travaux.

Le Conseil d'Etat rendra sa décision vendredi. Saisi par l'Observatoire international des prisons (OIP), le juge des référés examinait ce mardi les cas des maisons d'arrêt d'Ajaccio et de Tours, vulnérables au risque incendie. Les commissions départementales de sécurité ont en effet émis des avis défavorables concernant une dizaine de prisons, dont celles d'Ajaccio et de Tours. Pour ces deux établissements, l'OIP assigne l'Etat pour atteinte au droit au respect de la vie. 

"Rien n'a été fait" depuis au moins 6 mois

"Installations électriques hors normes, équipements favorisant la propagation des feux, configuration des locaux entravant l’intervention des secours et l’évacuation des détenus, personnels non formés", le constat établi par l'OIP est alarmant. "Pour Tours et Ajaccio les avis dataient d'il y a six mois à un an et rien n'a été fait", précise Nicolas Ferran, responsable du pôle contentieux de l'OIP, joint par BFMTV.com.

Résultat : "Si un incendie venait à se déclarer, on aurait un drame", expliquait Patrice Spinosi, l'avocat de l'association à France inter. L'OIP a déjà déposé trois recours devant les tribunaux administratifs concernant les maisons d'arrêt de Tours et d'Ajaccio ainsi que celle de Châlons-en-Champagne. Pour cette dernière, l'avis du tribunal a été favorable. Devant le Conseil d'Etat, l'OIP espère "forcer l'administration à trouver les moyens nécessaires pour faire les travaux", a précisé Patrice Spinosi à France inter.

Des mesures d'urgence réclamées

A Ajaccio, si des mesures ont été annoncées par l'administration pénitentiaire, qui prévoit de démarrer des travaux en avril 2017, "globalement la situation reste un problème du point de vue de la sécurité", poursuit Nicolas Ferran. L'OIP y réclame des "mesures d'urgence pour limiter le risque incendie", notamment des travaux électriques et d'éclairage d'urgence.

Dans son rapport, la commission départementale de sécurité "constate qu'aucun travaux de mise en sécurité n'a été réalisé" rendant "la situation sensiblement identique à celle de 2013". 

"La conception du bâtiment est telle qu'il est toujours très difficile, voire impossible, de mettre les détenus vers une zone à l'abri des fumées", poursuit le rapport. 

Quant à Tours, le plan prévu par l'administration n'est pas suffisant selon l'OIP, "il n'y a pas d'éléments qui nous permettent de crédibiliser ces travaux". Globalement, les mesures envisagées "ne nous paraissent pas de nature à sécuriser les lieux, il n'y pas de calendrier ni d'engagement budgétaire" pointe le responsable de l'Observatoire.

Dans cet établissement, la commission départementale pointe "un état de vétusté avancé".

Manque de moyens 

Selon l'OIP, l'Etat a dépensé seulement la moitié de la somme nécessaire à la rénovation des prisons entre 2007 et 2015, soit 514 millions d'euros au lieu de 1,2 milliard d'euros. Pourtant le gouvernement a annoncé la création de 33 nouveaux établissements, qu'il faudra financer, tout comme le plan contre les radicalisations. "Il n'y a plus les moyens de mettre aux normes", déplore Nicolas Ferran. 

En octobre dernier, le juge administratif de Melun avait condamné l'administration pénitentiaire pour les conditions de détention à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, infestée de punaises et de rats.

Les établissements carcéraux font face en outre à une surpopulation chronique: en moyenne les prisons comptent 117 détenus pour 100 places. En septembre, le gouvernement avait dévoilé un plan de construction de prisons, destiné selon lui à lutter contre la surpopulation. Dix-sept associations de défense des droits de l'Homme et organisations professionnelles avaient alors appelé les députés à ne pas financer ce projet "politiquement confortable mais objectivement néfaste" selon elles. 

Mélanie Longuet