"J'ai besoin de savoir": un collègue de Samuel Paty témoigne sur BFMTV avant l'ouverture du procès

Une quête de vérité plus de quatre ans plus tard. À partir de ce lundi 4 novembre, huit adultes, sept hommes et une femme, sont jugés devant la cour d'assises spéciale de Paris dans le cadre de l'assassinat de Samuel Paty.
Ils sont accusés d'avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à l'assassinat le 16 octobre 2020 de ce professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, dans le département des Yvelines.
"J'ai besoin de savoir"
Auprès de BFMTV, Charlie Jacquin, professeur de sport dans le même établissement et ancien collègue de Samuel Paty explique ses attentes en marge de ce nouveau rendez-vous avec la justice.
"J'ai besoin de savoir. C'est un peu comme une énigme dont on n'a pas la réponse. J'ai besoin de savoir, l'entendre. Qu'est-ce qu'avaient en tête les accusés? Qu'est-ce qui était prévu? Qu'est-ce qu'ils espéraient? Si vraiment ils espéraient que ça irait jusque-là", questionne celui qui a pris un congé afin d'assister aux audiences.
Comme l'explique encore ce professeur, ce procès est également pour lui l'occasion de tourner la page de ce drame.
"C'est aussi un peu thérapeutique. Ça fait quatre ans, il y a eu plusieurs grosses étapes. Là, il y a deux énormes étapes: il y a le changement de nom du collège qui va arriver et le procès des adultes. Après, ce sera un peu clos, ça me permettra d’avancer", assure-t-il.
Plusieurs profils
L'assassin, Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical russe de 18 ans d'origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d'asile en France, sera le grand absent du procès: il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur.
Deux jeunes amis de l'assaillant doivent répondre de "complicité d'assassinat terroriste", un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres accusés, dont trois, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, un crime passible de 30 ans de réclusion criminelle.
Parmi les accusés figurent Brahim Chnina, Marocain de 52 ans, le père de la collégienne de 13 ans qui avait affirmé de façon mensongère - elle était absente au cours - que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet, et Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste franco-marocain de 65 ans.
Ces deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont massivement relayé les mensonges de l'adolescente sur les réseaux sociaux dans le but, selon l'accusation, de "désigner une cible", "susciter un sentiment de haine" et "ainsi préparer plusieurs crimes". Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste.
La fille de Brahim Chnina et cinq autres ex-collégiens ont été condamnés l'automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois ferme à l'issue d'un procès à huis clos devant le tribunal pour enfants.