Trafics de drogue: une ville de l'Isère lance une opération d'"occupation citoyenne" des points de deal

La ville de Fontaine, en Isère, a lancé ce mercredi 14 mai une opération "de sécurité et d'occupation citoyenne" destinée à déloger dans la durée les trafiquants de drogues de leurs points de deal, en occupant l'espace.
Cette commune de 23.000 habitants, contiguë de Grenoble, partage les mêmes problématiques d'insécurité liés aux trafics avec des points de vente lucratifs qui suscitent la convoitise des bandes criminelles. Fontaine a déploré ces derniers mois deux fusillades, qui ont fait respectivement un mort le 15 septembre et quatre blessés le 2 mai dernier.
"Une expérimentation"
C'est dans ce quartier "gangrené" par les trafics, car bien desservi par la ligne de tram qui relie Fontaine à Grenoble, que sera déployée l'opération avec un volet sécurisation des espaces et un autre de "réappropriation de l'espace public" avec des échanges avec les élus, des voisinades, une braderie etc., selon la municipalité.
Elle doit durer dans un premier temps une dizaine de jours, puis revêtir d'autres formes à plus long terme en vue de "l'apaisement du quartier".
Une "expérimentation"
Il s'agit d'une "expérimentation", explique le maire, Franck Longo, à l'origine de l'initiative, reconnaissant qu'elle n'est pas dénuée de "risque parce qu'on va gêner un trafic, on va faire perdre de l'argent à certaines personnes".
"Les forces de police sont là pour mettre un premier coup, une première vague de nettoyage du quartier, des dealers, des consommateurs, mais nous, il faut surtout qu'on dure, et notre objectif, ça va être de travailler pendant ces jours-là avec les habitants sur comment durer, avec quels dispositifs", explique l'édile.
"J'ai la modestie de dire, on va essayer quelque chose effectivement nouveau, et voir ce qui se passe", souligne-t-il.
Le jour du lancement, les élus fontainois ont profité de l'animation du marché hebdomadaire pour parler du dispositif aux habitants. La police nationale a également déployé un commissariat mobile et un barnum.
Les bailleurs sociaux associés au projet
Les bailleurs sociaux, propriétaires de nombreux logements dans le quartier concerné, ont également été associés. "J'ai tout de suite trouvé que c'était assez sympa comme idée", souligne Laurent Richiero, directeur du pôle territoires du bailleur Actis, tout en admettant que reprendre le contrôle des lieux "ne va pas être simple".
"Ce que demandent nos locataires, c'est de rentrer chez eux, vivre sereinement, que les montées (des escaliers) ne soient pas cassées sans arrêt", dit-il, désignant l'immeuble devant lequel a eu lieu le meurtre en septembre et dont une porte vitrée présente encore deux gros impacts de balles.
"On a souvent fait référence à une guerre, c'est la guerre contre le narcotrafic et la criminalité organisée. Elle est longue, elle est difficile mais nous la gagnerons", a souligné de son côté la préfète de l'Isère, Catherine Séguin, venue apporter son soutien à l'initiative du maire.
Gwenaëlle Abgrall, une Fontainoise venue acheter son pain au marché, explique à l'AFP avoir été récemment témoin d'une fusillade, moment qu'elle qualifie d'"un peu surréaliste". Elle salue l'initiative de la ville, même si elle "demande à voir". "Est-ce que je m'impliquerai? Oui, pourquoi pas", conclut-elle.