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Police-Justice

Thalys: El Khazzani "ne comprend pas pourquoi cette histoire a pris une telle ampleur"

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En garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, Ayoub El Khazzani, le tireur présumé du Thalys, se mure dans le silence. Les enquêteurs antiterroristes fouillent le passé de ce jeune islamiste qui semble avoir beaucoup voyagé.

Que prévoyait Ayoub El Khazzani avant d'être maîtrisé par des passagers du Thalys salués en héros? Avait-il des complices? Les enquêteurs antiterroristes tentent dimanche de faire parler le jeune Marocain de bientôt 26 ans. Après avoir livré une première version affirmant qu'il ne voulait commettre qu'un braquage, le suspect se mure désormais dans le silence.

"Il ne comprend pas pourquoi cette histoire a pris une telle ampleur", confie son avocate au Parisien dimanche. "Lui dit avoir voulu rançonner les passagers de ce Thalys et rien d’autre. Il nie toute dimension terroriste à son geste. Cela le ferait presque rigoler... "

Un arsenal "abandonné dans un parc"

Quant à l'arsenal retrouvé en sa possession, un fusil d'assaut avec neuf chargeurs, un pistolet automatique et un cutter, El Khazzani persiste et signe: il a tout trouvé par hasard.

"Il a dit avoir trouvé ce fusil Kalachnikov, son pistolet Luger et un téléphone portable dans une valise, abandonnée dans un parc, près de la gare de Bruxelles en Belgique où il avait pris l’habitude de dormir" poursuit son avocate. "Il est sans domicile fixe depuis qu’il s’est fait voler ses papiers à Bruxelles".

Ayoub El Khazzani, dont l'identité a été confirmée grâce à ses empreintes digitales, a vécu sept ans en Espagne, de 2007 à mars 2014. Il y était arrivé à 18 ans, s'installant d'abord à Madrid puis à Algésiras, en Andalousie, où il s'est fait remarquer par des discours durs légitimant le jihad. Le jeune homme fluet et de taille moyenne y a vécu de petits emplois, et a été détenu une fois pour "trafic de drogues" selon une source des services antiterroristes espagnols.

El Khazzani nie s'être rendu en Turquie et en Syrie

Il avait été repéré par les services de renseignement espagnols qui l'avaient signalé à leurs confrères français. Son signalement a conduit la DGSI à émettre une fiche "S" à son sujet, ce qui a permis de localiser El Khazzani en Allemagne, le 10 mai, lorsqu'il prend un vol pour la Turquie. Selon les renseignements espagnols, l'homme serait parti de France en Syrie et serait ensuite revenu dans l'Hexagone.

"Au cours des six derniers mois, il raconte avoir voyagé en Espagne, à Andorre, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et avoir fait un passage en France, mais sans préciser le lieu où il a séjourné", ajoute son avocate. "En revanche, il a contesté s’être rendu en Turquie et encore plus en Syrie".

Deux enquêtes sont menées, l'une par le parquet antiterroriste de Paris, et l'autre par le parquet fédéral belge. La garde à vue d'Ayoub El Khazzani, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, en banlieue parisienne, a été prolongée samedi et peut durer jusqu'à mardi soir.
C. P.