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Terrorisme

Vesoul: ce que l'on sait du projet d'action violente déjoué et du suspect de 17 ans arrêté

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Une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle a été ouverte et le jeune homme a été placé en détention provisoire.

Une action violente probablement prévue d'ici le 30 mars. Un adolescent radicalisé, qui souhaitait agir à Vesoul "pendant le ramadan", a été interpellé ce lundi 10 mars en Haute-Saône, mis en examen jeudi puis placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), qui a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

• Quel est le profil de l'adolescent?

Le jour de son arrestation, l'adolescent a été contrôlé par la gendarmerie dans une rue proche d'un lycée professionnel du département, et un couteau a été découvert dans son sac.

Il a initialement été interpellé et placé en garde à vue pour "port d'arme" dans une enquête ouverte par le parquet de Vesoul et n'avait pas de mention à son casier judiciaire. Mardi, le Parquet National Antiterroriste (Pnat) s'est saisi de la procédure.

Le lendemain, la DGSI récupère le dossier et les investigations, ainsi qu'un interrogatoire qui a duré 48 heures, permettent "de confirmer les cibles exactes du projet d'action violente et son imminence", a souligné le parquet antiterroriste, sollicité par l'AFP.

Comme l'a appris RMC d'une source proche de l'enquête, l'adolescent avait déjà fait l'objet d'un suivi par les services de renseignement entre 2022 et 2024 en raison de sa radicalisation religieuse.

Vendredi, l'avocat du jeune homme a indiqué à l'AFP que ce dernier souhaitait "mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond" et non "commettre une action terroriste."

"Mon client est mineur, c'est donc un enfant au sens de nombreuses conventions internationales", a réagi Me Réda Ghilaci.

"C'est un enfant particulièrement fragile. Il n'est pas radicalisé et ses velléités de passages à l'acte relèvent d'une volonté de mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond et non d'une volonté de commettre une action terroriste", a encore assuré Me Ghilaci.

• Quelles cibles étaient visées?

Des conversations sur la messagerie cryptée Telegram ont montré que le jeune, "radicalisé", affirmait "vouloir passer à l'acte pendant le ramadan". Comme l'a appris BFMTV, son projet d'action violente visait des cibles juives et chrétiennes pendant le Ramadan, sans plus de précision sur des lieux visés et sans date établie de passage à l'acte. Il a aussi évoqué les consulats des États-Unis et d'Israël, selon cette même source.

"Les investigations à venir sur commission rogatoire permettront de confirmer les cibles exactes du projet d'action violente et son imminence", précise le parquet national antiterroriste.

• Quelle menace terroriste en France?

Selon une source proche de l'enquête, il s'agit du "premier" projet d'action violente déjoué en 2025. Les dernières interpellations pour un projet d'action violente en France, qui ont eu un écho dans la presse, remontent à début décembre.

Trois jeunes hommes, arrêtés à Nîmes et à Nantes, avaient été mis en examen, soupçonnés d'avoir projeté une action violente d'inspiration jihadiste avec des bombes artisanales et d'avoir envisagé la mairie de Poitiers comme cible.

En novembre 2024, un mineur français d'origine tchétchène, né en 2008, a aussi été mis en examen et écroué pour un projet d'attentat terroriste en France d'inspiration jihadiste.

Invité de BFMTV-RMC le 11 février, Olivier Christen le procureur national antiterroriste avait pointé "un retour de la menace jihadiste en France" et indiqué qu'un rajeunissement des profils était visible.

Selon "un bilan de la politique de lutte contre le terrorisme", communiqué mercredi en conseil des ministres, neuf projets d'attentats ont été déjoués en 2024, portés "pour la plupart par des sympathisants de l'Etat islamique."

Comme l'indique ce même bilan, à l'intérieur du pays, la menace émane "d'individus sympathisants de la cause jihadiste, souvent jeunes et éloignés de la mouvance radicale traditionnelle: 70% des impliqués dans des projets d'attentat depuis 2023 avaient moins de 21 ans, radicalisés en ligne pour la plupart".

Le début de l'année 2025 a, lui, été marqué par deux attentats islamistes: en janvier, un Français de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant "Allah Akbar" dans un supermarché d'Apt (Vaucluse). Et le 22 février, un Algérien de 37 ans a tué à l'arme blanche un passant et blessé six autres personnes près d'un marché à Mulhouse (Haut-Rhin).

Pauline Revenaz avec Hugo Septier