Trèbes: la difficile reconstruction de l'otage sauvée par le gendarme Beltrame

Le magasin Super U de Trèbes où s'est déroulée l'attaque, le vendredi 23 mars 2018 - Éric Cabanis - AFP
Le vendredi 23 mars, la vie de Julie a basculé. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame s'est substitué à la femme de 40 ans, prenant sa place auprès du terroriste Radouane Lakdim, en tant qu'otage. Le geste, héroïque, lui coûtera la vie.
"Il a donné sa vie pour moi, il s'est fait tuer pour que je vive", avait, selon le Journal du Dimanche (JDD), lâché lundi 26 mars l'hôtesse de caisse à ses proches, en marge de la minute de silence organisée sur le parking du Super U, le supermarché où a été perpétrée l'attaque.
Depuis cette phrase, la jeune femme vit recluse. Une collègue explique au JDD, "qu'elle ne fait plus partie du personnel depuis plusieurs mois" et que "les victimes ont besoin de tranquillité". Bouleversée, la quadragénaire ne s'est pas rendue jeudi aux obsèques d'Hervé Sosna et de Christian Medvès, deux autres victimes des attaques de Trèbes. Le soir de cette même journée, elle s'était entretenue avec Elisabeth Pelsez, la déléguée interministérielle chargée de l'aide aux victimes.
A Paris pour l'hommage national à Arnaud Beltrame
Selon le maire de la commune de Puichéric, où elle réside, son domicile "était fermé, volets clos". L'élu raconte: "C’était sur les coups de 20 heures. Son conjoint m’a ouvert, il m’a dit qu’elle était allongée, qu’elle se reposait. Je n’ai pas pu la voir. Lui, je le connaissais de vue. Un monsieur très bien, très gentil, apparemment ingénieur, qui aurait travaillé pendant quelques années à l’étranger. Il m’a confié qu’ils se sont rendus à Paris mercredi pour assister à l’hommage national dans la cour des Invalides. Pour le moment, son épouse reste très affectée et elle ne souhaite voir personne."
Le face à face de Julie avec le terroriste qui s'en est servi comme d'un bouclier humain aura duré plus d'une heure, avant que le lieutenant-colonel Beltrame ne prenne sa place. Entre le traumatisme de cette prise d'otage et la culpabilité d'y avoir survécu grâce au sacrifice du gendarme, la jeune femme garde d'importantes séquelles psychologiques. Elle fait l'objet d'un suivi.
Selon le JDD, Julie est mariée et mère d'une petite fille de 2 ans et demi. Elle "serait" diplômée d'une école d'ingénieur QSE (qualité, sécurité, environnement) et travaillait comme caissière depuis un an, depuis un licenciement.