Marseille: ce que l'on reproche à "Albistouri", l'ex-interne en médecine radicalisé

La "bio" de son compte Twitter était sans ambiguïté. "Le mécréant se divise en 2 parties: la tête et le corps", avait écrit le jeune homme comme phrase d’accroche. Alors que l’ex-interne de l’hôpital de la Timone à Marseille a été mis en examen et écroué ce jeudi, les preuves de sa radicalisation s'accumulent.
L’étudiant en 9ème année de médecine, qui s’était surnommé Solitaire sur le réseau social Twitter, était connu par le renseignement français pour ses liens avec le président de l’association radicale marseillaise Sanâbil, en lien avec des combattants présents en Syrie.
"Il faut tout faire péter"
Selon nos informations, il avait fait l’objet d’une enquête à la suite de nombreux signalements en novembre 2015 via Pharos, la Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements.
Au lendemain des attentats de Paris, il avait fait l’apologie du terrorisme sur son compte Twitter @albistouri -qui a depuis été suspendu- en écrivant plusieurs tweets:
"Je désavoue tous les musulmans vivant parmi les mécréants" ou "Il faut tout faire péter".
Arrêté dans un hôtel à Istanbul
L’interne en médecine part en Turquie le 22 octobre 2016 pour seulement 4 jours, mais ne reviendra finalement que le 14 novembre. Il passe seulement 2 jours en France, avant de repartir à Istanbul.
Celui-ci se remet alors à poster de nombreux tweets en changeant de compte, mais il est de nouveau repéré. L’individu est arrêté dans un hôtel d’Istanbul le 5 décembre et placé en rétention administrative. Les services français en sont informés le 12 décembre, l’homme est placé en garde à vue à la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret le 25 décembre et mis en examen du chef d’association de malfaiteurs.
Bioterrorisme, gaz de combat et explosifs
Dans son ordinateur, les enquêteurs découvrent "Le manuel de survie en garde à vue", ce qui pourrait expliquer son mutisme total depuis son interpellation. L'historique de son ordinateur indique la consultation de textes édités par l’organisation Daesh aux titres équivoques: "Le bonheur dans l’accès au martyr", "Mise au point d’attentats en terre de mécréance", ou "Leçons et trésors de la bataille de Toulouse", un texte à la gloire de Mohammed Merah.
Aussi, ses recherches laissent penser qu’il souhaitait acquérir des connaissances sur le bioterrorisme, l’utilisation de gaz de combat ou encore des explosifs.
Rencontre avec un détenu sur un forum
L’ex-interne de 29 ans aurait basculé dans le radicalisme après avoir rencontré un détenu Français converti sur un forum internet, selon sa petite amie entendue par les enquêteurs. Cet homme l’aurait mis en relation avec 5 autres personnes déjà identifiées sur Marseille et très influentes.
En février 2016, il avait confié à sa petite amie que "ses frères" lui demandent de rejoindre la Syrie pour y faire de l’humanitaire. L’homme a été mis en examen du chef d'association de malfaiteurs terroriste criminelle.