Homme abattu à Orly: les militaires de l'opération sentinelle une nouvelle fois visés

Depuis septembre, les gardes statiques pour les militaires de l'opération Sentinelle ont été supprimées. - AFP
Elle est la conséquence directe des attaques terroristes qui ont visé la France depuis janvier 2015. L'opération Sentinelle est une opération sans précédent de l'armée française sur le territoire national. Comme les policiers, les militaires sont des cibles privilégiées des attaques à l'instar de celle qui s'est déroulée ce samedi à l'aéroport d'Orly. Un homme a été abattu qui venait de s'emparer de l'arme d'une militaire en patrouille. Ses collègues ont tiré pour la protéger.
Depuis les attentats contre Charlie Hebdo et l'HyperCasher, 7.000 militaires sont déployés sur le territoire national pour prévenir la menace terroriste toujours extrêmement élevée, selon le gouvernement. Ce chiffre peut même s'élever à 10.000 en cas d'attaques ou d'événement d'envergure. Parallèlement, 6.500 hommes sont engagés dans des opérations extérieures, principalement au Sahel, dans le cadre de l'opération Barkhane, et en Irak et Syrie pour combattre Daesh, dans le cadre de l'opération Chammal.
4 attaques de militaires
Les militaires protègent des sites religieux (synagogues, mosquées..), particulièrement exposés au risque terroriste, ou très fréquentés (lieux touristiques, gares...). Leur mission a évolué au fil des mois avec la diminution des gardes statiques. Leur suppression a été actée en Ile-de-France en septembre dernier pour laisser place à des patrouilles, jugées plus efficace par l'armée et moins dangereuses pour les militaires.
"Ça fait la 4e fois que des militaires de l’opération Sentinelle sont agressés", a déploré Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, après l'attaque de samedi à Orly.
Avant cela, des militaires en faction devant un centre communautaire juif à Nice ont été agressés au couteau en février 2015. Un an plus tard, un homme avait lancé son véhicule sur quatre militaires en faction devant la mosquée de Valence. Il y a quelques semaines, un homme, armé d'une machette, s'en est pris à une patrouille de l'opération Sentinelle au Carrousel du Louvre.
"Grande maîtrise des militaires"
Ce déploiement massif - 3.500 militaires en Ile-de-France, 3.500 en province - soumet l'armée à des efforts considérables. Entre opérations extérieures et Sentinelle, ils sont éloignés jusqu'à 220 jours par an de leurs familles. Après l'attentat de Nice, 3.000 soldats ont été rappelés en 24 heures, 2.000 n'ont pas pris de congés et certains ont cumulé jusqu'à trois mois consécutifs de mission Sentinelle. Le nombre de leurs jours d'entraînement a chuté à 65 en 2015 et environ 70-75 en 2016, loin de l'objectif de 90 défini dans la loi de programmation militaire.
"L'opération Sentinelle déséquilibre l'activité des forces terrestres, dont la préparation opérationnelle reste la variable d'ajustement", déplorait en novembre le député socialiste François Lamy, membre de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale.
Cet emploi massif de soldats sur le territoire national fait débat, certains politiques - surtout à droite - et militaires s'interrogeant sur son efficacité par rapport à l'effort demandé aux armées. Autant d'arguments balayés par le gouvernement. "Dans chaque épisode ils ont fait preuve d’une grande maîtrise qui est dû en grande partie à leur entraînement répété pour ce type d’action et de mission", a insisté Jean-Yves Le Drian. "Cela montre que Sentinelle est indispensable et tout à fait essentiel pour assurer l’ensemble de la sécurité de nos compatriotes."
Avant que François Hollande ne surenchérisse: "Ceux qui s’interrogeaient encore sur le rôle de l’opération Sentinelle, c’est-à-dire la présence de militaires dans des lieux publics, aéroports, gares, doivent comprendre que ce renfort des militaires pour les forces de sécurité c’est essentiel, que tout le dispositif a pu répondre parfaitement aux ordres qui avaient été donnés il y a déjà plusieurs mois par moi et le gouvernement. Nous devons toujours être d’une extrême vigilance."