Attentats: Najim Laachraoui raconté par ses ex-otages en Syrie

Les images de Najim Laachraoui, kamikaze des attentats de Bruxelles, ont été largement diffusées après les attentats, où on le voit notamment à l'aéroport de Zaventem aux côtés d'un deuxième kamikaze, Ibrahim El Bakraoui, et d'un troisième homme, identifié comme Mohamed Abrini et depuis arrêté. - BFMTV
La photo a été largement diffusée après les attentats de Bruxelles, le 22 mars: Najim Laachraoui, l'un des deux jihadistes qui se sont fait sauter à Zaventem, apparaissait aux côtés du deuxième kamikaze de l'aéroport, et d'un troisième homme, identifié comme Mohamed Abrini et depuis arrêté.
Certains des quatre journalistes français ex-otages en Syrie - Didier François, Pierre Torrès, Edouard Elias et Nicolas Hénin - l'ont identifié comme Abou Idriss, l'un des geôliers de Daesh, selon des sources proches de l'enquête. Parmi eux, Nicolas Hénin l'a identifié "formellement", a indiqué son avocate Me Marie-Laure Ingouf, citée par l'AFP.

Le Belge, mort à 24 ans, avait rejoint Daesh en Syrie en février 2013, selon le parquet belge. Sa trace avait ensuite disparu jusqu'au 9 septembre 2015, quand il avait été contrôlé dans une voiture à la frontière austro-hongroise sous la fausse identité de Soufiane Kayal, avec notamment Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris.
Les enquêteurs soupçonnent ce diplômé en électronique d'avoir été l'artificier des attaques contre l'aéroport et le métro de Bruxelles (32 morts) et des attentats de Paris de novembre dernier (130 morts).
"Extrêmement brillant", "le plus réfléchi des geôliers"
Plusieurs anciens otages en Syrie se sont exprimés à son sujet ces derniers jours. C'est notamment le cas du journaliste français d'Europe 1 Didier François et du journaliste espagnol d’El Periódico Marc Marginedas.
Tous deux estiment que Laachraoui se démarquait des autres geôliers par son intelligence. Pour Didier François, il était "extrêmement brillant" et "très intelligent" alors que les autres recrues étaient "des brutes épaisses". "C'est avec lui qu'il y avait des discussions sur les négociations, à la demande de son émir", précise le reporter.
Celui qui se faisait alors appeler Abou Idriss "était de loin le plus intelligent et réfléchi des geôliers s’exprimant en français qui nous ont gardés d’octobre jusque fin décembre 2013 dans un cachot près d’Alep", souligne également Marc Marginedas.
Didier François ajoute que le jeune homme s'était beaucoup renseigné au sujet de l'Islam. "On a eu de longues discussions, y compris des discussions très théoriques", se souvient le journaliste. "C'est quelqu'un qui a lu beaucoup, qui a une approche très intellectuelle et très comparative de l'islam et de la religion catholique."
"Aucun plaisir à observer la souffrance"
Selon Marc Marginedas, Najim Laachraoui se différenciait également des autres jihadistes, du fait qu'il "n’éprouvait aucun plaisir à observer la souffrance ni à en infliger". "A la différence des geôliers britanniques qu’on avait surnommés les Beatles, il ne cherchait pas à nous effrayer", raconte-t-il. "Il n'utilisait jamais la violence, à la différence des autres", appuie Didier François.
Début 2014, lors d'un convoi des milices de Daesh après leur expulsion d'Alep, le kamikaze bruxellois avait même plaisanté avec les otages, détaille Marc Marginedas. "C’était presque une discussion cordiale entre amis, pendant laquelle on oubliait quasiment que deux d’entre nous étions pris en otages", explique Marc Marginedas.
"Très dangereux"
Plus tard, "quand il avait en charge l’intendance, la nourriture arrivait à l’heure". "Une nuit d’hiver, il nous a proposé de réchauffer la purée de légumes qui accompagnait nos exiguës rations de riz, après avoir constaté qu’elle était froide", rapporte le journaliste espagnol.
Mais pour les deux journalistes, il ne fallait pas s'y méprendre. Najim Laachraoui démontrait "une très forte conviction, ce qui le rendait très dangereux", remarque Didier François. "Nous savions tous qu’Abou Idriss n’aurait pas hésité à nous exécuter s’il en recevait l’ordre", abonde Marc Marginedas.