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Terrorisme

Attentat déjoué: les 5 suspects étaient inconnus des services de police

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Fait exceptionnel, les gardes à vue de cinq des hommes interpellés le week-end dernier dans le cadre de l'enquête sur un projet d'attentat ont été prolongées au-delà des 96 heures.

C'est un fait inquiétant pour les enquêteurs mais également une réelle réussite. Des cinq hommes soupçonnés d'avoir projeté un attentat sur le sol français, ils ne connaissent quasiment rien. Sept suspects ont été interpellés à Marseille et à Strasbourg le week-end dernier, cinq sont toujours entendus dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret.

Et mesure exceptionnelle, qui tend à prouver la dangerosité du commando, leur garde à vue a été prolongée au delà des 96 heures, le délai légal pour des infractions commises en bande organisée. Ils pourront désormais être entendus jusqu'à 144 heures, soit six jours et six nuits, "s'il y a une menace d'attentat imminente", précise Dominique Rizet, spécialiste police-justice pour BFMTV.

Inconnus des services de police

Ce délai supplémentaire pourrait permettre aux enquêteurs de la DGSI d'en savoir un peu plus sur leur profil, leur parcours, les cibles potentielles visées mais surtout leurs connexions. Plusieurs des gardés à vue auraient eu des liens avec un commanditaire présumé basé en Syrie. Hormis cette information, c'est le néant. Le seul connu des services de renseignement est le Marocain de 46 ans, interpellé à Marseille, mais résidant au Portugal.

Les quatre autres, tous âgés entre 35 et 37 ans, arrêtés eux à Strasbourg, n'apparaissaient pas dans les radars de la DGSI. Deux d'entre eux étaient bien connus des services de police mais seulement pour des faits de droit commun. Le seul dont le profil est plus précis, c'est cet animateur périscolaire dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, dont les proches ont accepté de témoigner.

A voir son quotidien et entendre ses proches, sa radicalisation semble improbable, si ce n'est la découverte, à son domicile, de deux armes, des chargeurs, des téléphones portables et une mettre d'allégeance à son domicile. L'homme est également soupçonné de s'être rendu en Syrie en 2015, avec un autre des suspects, après avoir prétexté des vacances à Chypre. Des éléments qui surprennent jusque dans l'école où il travaillait et où il était très apprécié des enfants. 

Un passage à l'acte imminent

Du côté des proches d'un autre suspect, c'est également l'incrédulité qui domine. "Les enquêteurs sont sur une fausse piste, ils vont voir qu'à la fin de cette histoire il n'y aura rien du tout", insiste un proche. "Comment vous voulez être un terroriste si vous buvez de l'alcool, vous fumez du shit, vous allez boire des filles, vous sortez dans les bars. On ne peut pas se radicaliser en 24 heures ou en 48 heures ou en un mois ou en deux mois. Il est anti-Daesh. Ils disent qu'ils font du mal aux jeunes, à la France parce que la France c'est notre pays."

Pour le moment, les enquêteurs ne connaissent pas l'avancée du projet d'attentat que le commando prévoyait. Avaient-ils réalisé des repérages? Pour le moment, une vingtaine d'adresses figurent parmi les cibles potentielles visées, notamment le siège de la PJ parisienne, le 36 quai des Orfèvres, celui de la DGSI, Disneyland, des métros, des bars ou encore des lieux de culte. Ce qui est certain, c'est que le passage à l'acte était imminent.

Selon les informations de RMC, le commando prévoyait d'attaquer le 1er décembre.

Justine Chevalier