Attaque des Champs-Elysées: les zones d’ombre autour de la revendication de Daesh

Confusion. A peine deux heures après la fusillade des Champs-Elysées, Daesh s’est empressé de revendiquer, via un communiqué publié par son organe de propagande Amaq, l’attentat. Une rapidité d’exécution qui sème le doute, alors que l’Etat islamique prend à son habitude quelques heures, voire quelques jours, avant de se prononcer sur son implication. “On aurait dit que cette revendication était toute préparée”, analyse Dominique Rizet, consultant police justice de BFMTV.
L’heure de la revendication n’est pas le seul point d’ombre de cette déclaration. L’homme annoncé par Daesh semble ne pas correspondre au profil de l’assaillant déterminé par les autorités françaises. Dans le communiqué, la mention “le Belge” est accolée au nom du tireur présumé. Hors, d’après des sources proches de l’enquêtes contactées par l’AFP, l’auteur de l’attaque serait un Français de 39 ans, qui faisait par ailleurs déjà l’objet d’une enquête antiterroriste.
Une erreur de Daesh ?
“C’est intéressant parce qu’il se pourrait qu’il y ait une confusion”, déduit Dominique Rizet. “Un homme est effectivement parti de Belgique, et a été signalé hier à la police française comme susceptible d’avoir pu prendre le Thalys. On a perquisitionné chez lui, retrouvé des armes. Hier en début d’après-midi on craignait donc que ce fameux homme puisse être en France. Daesh pense-t-il que c’est cet homme là qui est passé à l’acte, alors qu’en France ce serait un autre homme qui est passé à l’acte ? Ce qui pourrait signifier que le premier, celui revendiqué par Daesh, est toujours dans la nature”.
Pour Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère de BFMTV, la contradiction est bien réelle entre le nom révélé par l’Etat islamique et celui qui circule dans les milieux policiers. Si cette confusion pourrait révéler un “raté complet de l’organisation” qui se serait trompée de terroriste, le nom cité dans le communiqué pourrait simplement être un surnom attribué par Daesh.
““Le Belge” pourrait signifier qu’il aurait résidé en Belgique, qu’il serait passé par la Belgique, et que pour l’Etat islamique, il serait identifié sous ce nom. Pour l’instant il est impossible de trancher, mais cette contradiction est notable”.
Les autorités françaises enquêtent sur un homme signalé par la Belgique, qui finit par se rendre
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a annoncé ce vendredi sur Europe 1 que les autorités françaises enquêtaient sur un homme signalé par la Belgique, qui pourrait donc correspondre au profil annoncé par Daesh dans son communiqué, et s'avérer être un complice du tireur. L'homme recherché a fini par se présenter de lui-même dans un commissariat d'Anvers.
Le procureur de Paris François Molins a précisé dans son discours prononcé jeudi soir à la suite de l’attaque que l’assaillant semblait avoir agi seul, mais que des investigations étaient en cours pour déterminer “s’il a bénéficié ou pas de complicités”. Autant de zones d’ombre que devront éclaircir les autorités dans les heures à venir.