Attaque à Orly: l'oeuvre d'un homme à la dérive?

L'homme abattu à Orly avait consommé de la drogue et de l'alcool. - Benjamin Cremel - AFP
Son parcours a été qualifié de "fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur qui va visiblement crescendo". Visait-il Orly? Son projet était-il terroriste? Deux jours après l'attaque de policiers à Garges-lès-Gonesse, puis de militaires à l'aéroport d'Orly, les premiers éléments de l'enquête interrogent. Les analyses toxicologiques ont mis en évidence la présence de 0,93 grammes d'alcool par litre de sang, du cannabis et de la cocaïne dans le corps de l'agresseur. Un cocktail qui correspond au parcours de l'homme la nuit de vendredi à samedi.
Est-ce que cette consommation de drogue et d'alcool est à l'origine de ce passage à l'acte dans la nuit de vendredi à samedi? Ce trajet qui le conduira à Orly débute à 6h55 avec un contrôle d'identité à Garge-lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise, au cours duquel il va sortir une arme et tiré sur un policier. Plus tard, c'est dans le Val-de-marne qu'on retrouve sa trace. Avant de voler une voiture, il est allé proférer des menaces dans un bar tout en faisant usage de son arme. Il prendra ensuite la fuite vers l'aéroport d'Orly où il va agresser une femme militaire, lui prendre son fusil d'assaut avant de se faire abattre.
Consommateur régulier
Les gardes à vue du père, du frère et du cousin de l'homme qui a été abattu par des militaires dans le terminal Sud de l'aéroport d'Orly, qui s'étaient présentés spontanément à la police, ont permis d'établir plus précisément la personnalité de ce dernier. "Sous l'effet de l'alcool et du cannabis, voilà où on arrive", soufflait le père de l'assaillant, qui décrit son fils comme un consommateur régulier d'alcool et de drogues. Selon son témoignage recueilli par Europe 1, il ne faisait pas la prière. Pour l'heure, aucune complicité n'a été établie, et les gardes à vues ont été levées.
Dans le sac à dos de l'agresseur, les policiers ont découvert un bidon d'essence, un Coran et un paquet de cigarettes. Un mélange des genres à l'image de l'homme alors que la section anti-terroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. Elle devra notamment déterminer le cheminement de l'assaillant. Trois éléments consolident l'hypothèse d'un acte terroriste: le choix des cibles, les signes de radicalisation et les propos rapportés par les militaires de l'opération Sentinelle.
"Je suis là pour mourir par Allah", a lancé l'homme après avoir arraché à une militaire son fusil d'assaut.
Radicalisé
Déjà condamné dans plusieurs affaires, notamment pour des vols à main armée et des trafics de stupéfiant, ce Français de 39 ans était signalé comme radicalisé.
"L’administration pénitentiaire a des dispositifs d’alerte, donc du personnel qualifié et un cahier électronique de liaison dans lequel sont notés tous les comportements de ceux qui passent un jour en détention, décrit Dominique Rizet, spécialiste police-justice de BFMTV. Pour cet homme-là on a observé que pendant deux années, entre 2011 et 2012, il avait fréquenté des radicaux en prison et qu’il y avait des signes inquiétants."
Radicalisé, l'homme ne faisait pas l'objet d'une fiche S. En 2015, une perquisition administrative menée dans le cadre de l'état d'urgence n'avait rien donné. Pour l'heure, aucune organisation terroriste n'a non plus revendiqué l'attaque.