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Terrorisme

Après les attentats, les Français acceptent davantage la torture

Dans des cas exceptionnels, 18% des Français seraient capables de pratiquer eux-mêmes la torture

Dans des cas exceptionnels, 18% des Français seraient capables de pratiquer eux-mêmes la torture - Thomas Samson - AFP

Selon un sondage, les Français acceptent de plus en plus la pratique de la torture. Dans le contexte post-attentats, 18% des interrogés seraient même capables de pratiquer eux-mêmes la torture.

Le regard des Français sur la torture a évolué après les attentats et ils sont près d’un sur trois à juger la pratique acceptable. Selon un sondage IFOP pour l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), 36% des Français estiment que dans certains cas exceptionnels comme des attentats ou une guerre, "on peut accepter la torture". En 2000, ils étaient 25% à le penser.

Des décharges électriques contre des informations

Plus inquiétant, 45% des personnes interrogées jugent la pratique efficace pour prévenir des actes de terrorisme. Et 54% des Français considèrent comme justifié qu’un policier envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d’avoir posé une bombe prête à exploser.

"On se doutait qu'il y avait une acceptation de plus en plus grande de la torture, dans le contexte de la montée du terrorisme, mais on ne se rendait pas compte que l'évolution était aussi dramatique", a commenté pour l'AFP le délégué général de l’ACAT, Jean-Etienne de Linares.

Pire encore, 18% des Français se sentiraient capables de pratiquer eux-mêmes la torture dans des cas exceptionnels. Chez les sympathisants du Front national, ce chiffre atteint les 40%.

Peu de connaissances sur le phénomène

"Par rapport à l'interdit absolu de torturer, les digues cèdent les unes après les autres: acceptabilité plus grande dans l'opinion, discours guerrier, complaisance à l'égard d'Etats pratiquant la torture comme le Maroc... De renoncement en renoncement, un terreau se met en place et qui sait ce qu'il se passera s'il y a un, cinq, dix attentats de plus", a déploré Jean-Etienne de Linares.

Cette acceptation est couplée à un phénomène de méconnaissance de la pratique tortionnaire, complète l'étude. La grande majorité des interrogés estime que la torture est pratiquée par des guérillas ou des groupes armés non étatiques, alors qu'en réalité c'est principalement le fait des forces de l'ordre, gardiens de prison, militaires et policiers. 

M.L.