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Police-Justice

Soupçonnés d'avoir forcé leurs enfants à voler, 20 Roms jugés à Paris

Enfants roms. (illustration - visages floutés)

Enfants roms. (illustration - visages floutés) - -

Depuis le lundi 2 juin et pour deux semaines, 20 Tziganes roumains comparaissent à Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir forcé des enfants, âgés de 9 à 17 ans, à voler dans les rues de la capitale entre 2011 et 2012.

Vingt Roms de Roumanie sont jugés depuis le lundi 2 juin à Paris pour avoir forcé leurs enfants à voler des téléphones ou des portefeuilles dans les rues de la capitale, en recourant pour certains à la violence.

Ces Roms, qui vivaient dans des campements de Seine-Saint-Denis, sont poursuivis pour avoir envoyé, entre 2011 et 2012, une quarantaine de leurs proches âgés de 9 à 17 ans, voler à Paris et en banlieue.

L'argent servait à rénover et construire des maisons en Roumanie

"Chaque mineur devait rapporter un à deux portefeuilles par jour, ou deux à trois téléphones portables", a expliqué la présidente du tribunal Dominique Piot. Les téléphones, selon le modèle, étaient revendus entre 50 et 300 euros.

"Les bénéfices servaient à éponger des dettes de jeu en France, ou étaient envoyés à des membres de la famille en Roumanie pour construire ou rénover des maisons", a-t-elle ajouté.

Après plusieurs mois d'enquête, et sur la base des auditions des enfants, la police avait interpellé en septembre 2012 les membres du réseau.

Certains avaient été mis en examen pour traite des êtres humains en vue d'un jugement aux assises, mais la plupart ont finalement été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "provocation de mineurs à la commission de vols".

Des vols, mais aussi un trafic d'êtres humains

"Je reconnais que ma fille Daniela a volé. J'avais des dettes, ça m'a aidé à payer", a admis lors du procès Student Caldararu, l'un des prévenus, par l'entremise d'une interprète. L'homme s'est montré en revanche plus confus sur les 11.000 euros transférés en Roumanie et au sujet de son neveu, dont le sort lui vaut d'être jugé pour "traite des êtres humains".

En 2011, le garçon, alors âgé de dix ans et qui vivait avec son oncle et sa tante, était déjà connu de la police pour une quarantaine de vols. "Vous trouvez ça normal? a questionné la présidente du tribunal Dominique Piot. Et comment vous expliquez qu'il soit défiguré?"

Student Caldararu a alors reconnu qu'une soeur restée en Roumanie lui devait de l'argent et qu'elle lui avait cédé son fils pour rembourser sa dette. "Je l'ai envoyé voler", a-t-il admis.

D. N. avec Antoine Heulard et Pierre-Antoine Durand