BFMTV
Police-Justice

Quelles sont les différentes enquêtes qui visent Dieudonné?

Dieudonné M'Bala M'Bala le 13 décembre dernier, au tribunal correctionnel de Paris.

Dieudonné M'Bala M'Bala le 13 décembre dernier, au tribunal correctionnel de Paris. - -

Dieudonné est visé par plusieurs enquêtes financières sur son patrimoine, mais aussi par des plaintes pour certains de ses propos. On fait le point.

Si Dieudonné n'occupe plus le devant de la scène médiatique depuis qu'il a expurgé de son spectacle les passages antisémites, la justice, elle, ne l'oublie pas, et passe à la vitesse supérieure. Alors que toutes les enquêtes financières qui visent le polémiste vont désormais être centralisées à Paris, par souci d'efficacité, plusieurs enquêtes préliminaires visent Dieudonné pour ses propos, et des rendez-vous judiciaires sont prévus dans les prochaines semaines.

Le polémiste, entendu mardi et mercredi soir par la police après la plainte d'un huissier qui s'est dit molesté par sa compagne, a également saisi la justice pour diffamation contre différents médias mais aussi contre le ministre de l'Intérieur. BFMTV.com fait le point.

> Soupçons d'évasion fiscale

Le polémiste est au cœur de plusieurs procédures judiciaires sur ses finances et son patrimoine, qui vont désormais être conduites par le parquet de Paris, comme l'a révélé mardi France Info. Une première enquête préliminaire, initiée par le parquet de Chartres, est menée depuis près d'un an pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité", "blanchiment", et "abus de biens sociaux".

Le parquet avait été saisi par Tracfin, le service de renseignement de Bercy, qui soupçonne des mouvements financiers obscurs dans le proche entourage de Dieudonné. Selon l'organisme, près de 415.000 euros ont été expédiés vers le Cameroun, son pays d'origine, dont plus de la moitié en 2013. L'homme se serait cependant acquitté de 666.620 euros d'impôts impayés en novembre dernier, que lui réclamait le Fisc depuis 2006, selon Le Parisien.

> Amendes impayées

Un juge parisien est également saisi d'une instruction depuis septembre dernier pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité", après une plainte de la Licra, qui lui reproche de ne pas avoir payé ses amendes. Dieudonné doit en effet s'acquitter de 65.290 euros qui correspondent à sept condamnations pour injures et incitation à la haine raciale, et quatre condamnations pour délits routiers.

Mais pour le moment, la justice se heurte au fait que Dieudonné ne possède rien en son nom, ce qui complique les saisies pour recouvrer ses dettes: sa maison appartient à sa compagne, tout comme la société de production qui gère ses spectacles, et Dieudonné ne touche pas de salaire et n'est pas associé à cette entreprise, rappelle Le Monde.

Pour Me Jacques Verdier, avocat de Dieudonné, "le premier qui organise l'insolvabilité de mon client n'est autre que Manuel Valls. En lui interdisant de se produire sur scène, il l'empêche de travailler."

> Propos controversés: les dates fixées...

Une autre condamnation, sur le plan pénal, menace Dieudonné. Le 13 décembre dernier, le ministère public a requis 200 jours amende à 100 euros à son encontre devant le tribunal correctionnel de Paris, pour des propos sur les Juifs et la Shoah tenus dans une vidéo diffusée en avril 2010. Le verdict doit être rendu le 7 février prochain.

Le 10 janvier dernier, l'Union des étudiants juifs de France a porté plainte pour incitation à la haine raciale dans sa dernière vidéo postée sur YouTube, "2014 sera l'année de la quenelle". "Dieudonné sera jugé en référé devant le tribunal de grande instance de Paris le 29 janvier prochain", explique le président de l'Union à BFMTV.com, Sacha Reingewirtz

Vendredi, M6 a révélé qu'une enquête préliminaire avait été conduite en septembre dernier après une plainte de Manuel Valls pour "injure publique". Dieudonné avait qualifié le ministre de l'Intérieur de "Mussolini moitié trisomique" dans une vidéo postée en août dernier. La date de l'audience devrait être fixée en février.

> ...et les enquêtes en cours

Le 30 décembre dernier, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "incitation à la haine raciale" suite aux propos antisémites visant le journaliste Patrick Cohen, tenus durant un spectacle filmé en caméra cachée.

Enfin, mardi, BFMTV a révélé qu'une enquête préliminaire a été ouverte à Paris après un signalement de la Licra. La justice s'intéresse aux appels aux dons lancés sur internet pour payer les amendes, et à l'argent récolté auprès des fans. Car le fait d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour but d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires est passible de six mois d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.

> Et du côté de Dieudonné

Dieudonné a notamment saisi la Cour de justice de la République d'une plainte contre Manuel Valls pour les propos que le ministre a tenus à son encontre. "Il s'agit d'une plainte en diffamation, visant notamment certains propos, comme lorsque le ministre a déclaré: "L'obsession de ce personnage, c'est la haine du juif", détaille à BFMTV.com Me Mirabeau. "Elle a été enregistrée", confirme mercredi l'avocat.

Neuf autres plaintes ont été déposées par Me Mirabeau et son confrère Me David de Stefano: une pour atteinte à la vie privée, et huit en diffamation. Sont visés notamment plusieurs médias, dont Le Monde, Le Figaro, Le Bien Public, ou encore BFMTV. Affaires à suivre...

Alexandra Gonzalez