Profil "suicidaire", acharnement… Ce qu'il faut retenir de la conférence du procureur de Nantes, au lendemain de l'attaque au couteau

Le procureur de la République de Nantes Antoine Leroy s'est exprimé ce vendredi 25 avril après l'attaque au couteau dans l'établissement Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes. Une élève a été tuée et trois autres ont été blessés et se trouvent en urgence relative un peu plus de 24 heures après l'attaque.
La garde à vue du principal suspect, Justin P., a été levée ce jeudi soir, car son état était incompatible avec une telle mesure.
• Le récit de l'attaque
"La matinée dans cet établissement scolaire s'est déroulée sans incident", selon le procureur de la République de Nantes Antoine Leroy. Ce dernier narre ensuite la suite des événements. Selon lui, le jeune mis en cause se rend dans les toilettes du premier étage. Il y reste "au moins dix minutes". Il va ensuite déposer son sac à dos dans lequel les enquêteurs vont retrouver la réplique d'un pistolet Colt-45, toujours d'après le procureur de la République de Nantes.
Le procureur rapporte que le mis en cause se scarifie avec son couteau sur le front depuis les toilettes, avant d'envoyer un mail, son "manifeste", contenant un texte de 13 pages à l'ensemble des élèves de l'établissement. "La qualité de la prose peut questionner sur son auteur réel", précise le procureur.
Le principal suspect rentre dans une classe et assène "57 coups de couteau" à l'élève tuée dans cette attaque, "la plupart sur le haut du corps, sur le crâne, dans la gorge, les plus mortels dans la veine jugulaire ainsi que la carotide". La victime morte venait d'avoir 15 ans.
"Il a continué à s'acharner sur elle alors qu'elle était tombée à terre", rapporte le procureur se basant sur des témoignages de témoins.
"La professeur présente, avec certains élèves, quitte la pièce", poursuit le procureur. Le mis en cause quitte aussi la salle et se rend dans la classe située en face. Il s'en prend à trois élèves, les plus proches de lui, "au hasard" et "sans distinction aucune". "Une première jeune fille prend quelques coups de couteaux non-graves", selon le procureur. Parmi les trois blessés, le jeune le plus gravement touché est désormais "hors de danger" et "a pu être entendu par les services de police ce matin".
"Le couteau qu'il a utilisé est un couteau de chasse acquis sur Internet quelque temps auparavant et dont il se servait lorsqu'il se promenait dans la nature", précise le procureur devant la presse.
• L'intervention du technicien informatique
Un technicien informatique se trouvant au rez-de-chaussée est "monté très vite" et s'est rendu dans la seconde classe où se trouvent trois victimes.
"En entrant, il voit de dos le mis en cause avec le couteau à la main et décide de lui asséner un coup de chaise dans le dos et sur le crâne", poursuit le procureur.
Justin P. veut s'en prendre au technicien qui quitte la pièce, court dans le couloir jusqu'à ce que le mis en cause "le prenne en chasse".
Après "une sorte de dialogue" avec ce responsable informatique, "le jeune homme a accepté de déposer le couteau qu'il avait à la main, ainsi que le petit canif qu'il avait dans sa poche", selon le magistrat. Puis, les forces de l'ordre sont arrivés sur place et ont procédé à l'interpellation.
• Un suspect qui a "une certaine fascination pour Hitler"
Le procureur rapporte que le principal suspect, dans l'établissement depuis 2021 et qui venait d'avoir 16 ans, est "extrêmement solitaire, une personnalité qui a inquiété sa mère" avec qui il vit et avec qui il entretenait une bonne relation. Cette dernière a fait en sorte que le suspect "rencontre des personnels éducatifs de la maison des adolescents de Nantes". Il les a "rencontrés à six reprises", selon le magistrat.
Antoine Leroy rapporte que le principal suspect a une "certaine fascination pour Hitler, repérée par le personnel enseignant de l'école". "Il dessinait Hitler", poursuit le procureur de la République de Nantes.
Il s'agit d'"un jeune suicidaire", précise le procureur de la République. Ce dernier rapporte que, dans les toilettes, "il a écrit quelques phrases au mur". Parmi elles, une phrase dans laquelle il demande "qu'on lui tranche la gorge". "Il déplorait qu'on ignore ses maux", note le procureur de la République de Nantes. Ces difficultés psychologiques du suspect "avaient été repérées et prises en charge".
• Aucun mobile n'est connu pour l'heure
"Le suspect ne donne aucun mobile", selon Antoine Leroy qui précise qu'un mobile peut être écartée: "une potentielle relation affective avec la jeune fille" tuée. Cette dernière est "la seule personne de ce lycée, de ses connaissances avec laquelle il pouvait avoir un dialogue qu'il estimait de qualité".
Le suspect "semble n'avoir fait l'objet d'aucun harcèlement", précise le procureur qui indique ne pas avoir "d'éléments en faveur d'une complicité quelconque". "Des éléments sont susceptibles de caractériser une préméditation", explique Antoine Leroy.
• "Pas moins de 70 auditions" menées
Le suspect a "été hospitalisé", selon le procureur de la République de Nantes, quelques heures après que son état de santé a été jugé incompatible avec une garde à vue. "Pas moins de 70 auditions ont été menées", précise Antoine Leroy.
Éric Eudes, directeur interdépartemental adjoint de la Police nationale note lui la "réactivité" des forces de l'ordre qui sont intervenus sur place "en huit minutes". Parmi les personnes mobilisées, "environ 150 policiers (...) ainsi que des CRS (...) et des militaires de l'opération Sentinelle", précise Éric Eudes.