Attaque à Nantes: fouilles, portiques, reconnaissance faciale... Ces pistes évoquées pour renforcer la sécurité des écoles

La sécurité des établissements scolaires en question. Après l'attaque au couteau dans laquelle une adolescente a été tuée et trois autres élèves ont été blessés dans un lycée de Nantes (Loire-Atlantique) ce jeudi 24 avril, la classe politique se penche désormais sur la sécurisation des écoles. Avec pour objectif d'éviter que des lycéens, à l'image de Justin P., puisse pénétrer dans leurs établissements munis de couteau ou de toutes autres armes.
Certains syndicats de police et enseignants tirent la sonnette d'alarme sur l'augmentation des ports de couteaux dans l'enceinte des collèges et lycées. Les signalements à ce titre ont augmenté de 15% entre février 2024 et février 2025, selon des chiffres avancé par Élisabeth Borne.
En réaction, le Premier ministre a demandé à cette dernière et à Bruno Retailleau, d'engager une "intensification des contrôles mis en place aux abords et au sein des établissements scolaires". Il les invite également à lui faire, d'ici un mois, des "propositions concrètes en matière de prévention, de réglementation et de répression", indique-t-il dans un communiqué.
Des files d'attente trop longues à l'entrée des écoles?
Dans la foulée, face à la presse, François Bayrou a commencé à évoquer l'idée d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des établissements scolaires, pour mieux détecter la présence "d'armes blanches et mortelles" dans les affaires des élèves.
Une mesure globalement plébiscitée à droite, le patron des députés LR Laurent Wauquiez rappelant en avoir fait installer dans les lycée d'Auvergne-Rhône-Alpes "dès 2015", et le député RN Sébastien Chenu déclarant faire "confiance à la technologie" sur RTL.
À gauche, l'idée est moins populaire. L'eurodéoutée LFI, Manon Aubry, s'y est opposée sur FranceInfo ce vendredi matin, l'estimant peu "efficace". "On va demander aux enfants de venir une heure plus tôt à l'école pour pouvoir faire la queue, donc il va y avoir des attroupements devant les établissements scolaires, attroupements qui peuvent être la cible d'un déséquilibré", estime l'eurodéputée, toujours au micro de nos confrères.
Interrogé sur BFMTV ce vendredi, Thierry Audouin, sécrétaire général adjoint Alternative Police en Loire-Atlantique, abonde dans le même sens, prenant l'exemple des aéroports, où le temps d'attente aux portiques de sécurité peut être très long.
"Quand on veut faire quelque chose de sérieux, avec un portique, on voit les files d'attente qu'il peut y avoir. Je me demande comment ça pourrait être concrètement mis en application sachant le nombre de collégiens et lycéens qui entrent chaque jour, à plusieurs moments de la journée", commente-t-il.
Toujours sur notre antenne, il estime que cette mesure ne ferait que contourner le problème: "Dans la réalité, un lycée ou un collège n'est pas une maison d'arrêt. Autour, vous avez des clôtures, des grillages, et si quelqu'un veut faire rentrer un couteau, il suffit qu'il le jette par-dessus la clôture, passe le portique et le récupère à l'intérieur."
Vers des "fouilles aléatoires"?
En février dernier, Élisabeth Borne avait formulé une autre idée pour éviter que des armes blanches ne se retrouvent dans l'enceinte des écoles: organiser des "fouilles aléatoires" des sacs des élèves, par des policiers, puisqu'eux seuls sont habilités à les pratiquer. Une mesure qu'elle souhaitait voir mise en place d'ici la fin de l'année scolaire.
De son côté, le député UDR Éric Ciotti affirmait jeudi qu'il ne fallait "rien s'interdire" en matière de sécurisation. "La sécurité des établissements scolaires doit être absolue, c’est un sanctuaire. Portiques de sécurité, vidéo-protection avec reconnaissance faciale, il ne faut rien s’interdire", a-t-il déclaré sur X.
Encore faut-il que les forces de l'ordre aient les moyens humains d'assurer ces contrôles, estime Linda Kebbab. Invitée ce vendredi sur BFMTV, la secrétaire nationale du syndicat Un1té, pointe un "manque d'effectifs" et des démissions "de plus en plus importantes" dans la profession.
"On peut prioriser tout ce qu'on veut et se mettre en partenariat avec les écoles, c'est indispensable. Mais sans effectifs supplémentaires, on ne pourra rien faire", insiste-t-elle.
La santé mentale des jeunes en question
Face à ces propositions, syndicats enseignants et experts opposent qu'une surenchère sécuritaire n'est pas une solution réellement adaptée. Pour obtenir des résultats à long-terme, il faut prendre le problème à la racine et s'attaquer à la santé mentale des jeunes, témoigne Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat CFDT Éducation.
"La question, c'est vraiment quand on sent qu'un jeune décroche, qu'il y a des camarades qui parlent d'un état dépressif, etc., qu'est-ce qu'on fait? Ces questions ne sont pas traités à la hauteur des besoins", explique-t-elle auprès de RMC.
Thierry Audouin, du syndicat Alternative, dit constater lui aussi une mauvaise prise en charge psychiatrique sur le terrain. "Ce qui attire mon attention, c'est le problème de la psychiatrie en France. On voit que des jeunes ont des problèmes psychologiques et la prise en charge est insuffisante", explique-t-il sur BFMTV.
Quelques heures après l'attaque au couteau à Nantes, le suspect âgé de 16 ans a été interné en psychiatrie, le psychiatre qui l'a examiné ayant conclu à l’incompatibilité de son état de santé avec la mesure de garde à vue en cours.