"Un climat politique et judiciaire détestable": les derniers mots de Nicolas Sarkozy au procès du financement libyen

Nicolas Sarkozy et Carla Bruni au tribunal de Paris le 8 avril 2025 - ALAIN JOCARD / AFP
Au dernier jour du procès du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 ce mardi 8 avril, Nicolas Sarkozy indique, dans ses derniers mots, ne pas "vouloir répondre" à un "réquisitoire politique et violent". "Je ne le ferai pas, car je ne veux rien dire qui puisse alimenter cette polémique", a poursuivi l'ancien président qui dit vouloir "défendre (s)on honneur et faire éclater la vérité."
"Le climat politique et judiciaire actuel est détestable", a-t-il ajouté, une référence à la condamnation récente de Marine Le Pen.
La décision des juges sera dévoilée le 25 septembre prochain au matin.
La thèse de la "vengeance" avancée par Nicolas Sarkozy
"Le financement n'existe pas", venaient de marteler pendant plusieurs heures les avocats de Nicolas Sarkozy, fustigeant les "reculades" et "failles béantes" du raisonnement du parquet financier.
"Pour résumer l'accusation, Nicolas Sarkozy, élu président de l'UMP, aurait eu l'idée de répondre positivement à l'invitation de Mouammar Kadhafi pour lui demander de financer sa campagne", commence Me Christophe Ingrain en milieu d'après-midi.
"Pour quelle raison éprouve-t-il le besoin d'un autre mode de financement que celui que lui assure déjà l'UMP et le soutien incontesté de ses adhérents ? L'accusation ne le dit pas", poursuit le conseil.
"Quel montant aurait-il demandé ? Comment cet argent serait-il arrivé en France ? Comment il aurait été utilisé dans la campagne ? L'accusation ne le dit pas, car ce financement n'existe pas", affirme-t-il.
Début mars, le parquet a requis sept ans de prison, cinq ans d'inéligibilité et 300.000 euros d'amende contre Nicolas Sarkozy, dénonçant "un pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent" avec l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
Les magistrats ont notamment pointé les "explications extravagantes" des trois anciens ministres Éric Woerth, Brice Hortefeux et Claude Guéant, chacun à des postes-clefs pendant la campagne présidentielle et de l'ancien président.
Pour sa défense, Nicolas Sarkozy a défendu à plusieurs reprises la thèse de "la vengeance". "Vous ne trouverez jamais, jamais non pas un euro, mais pas un centime libyen, dans ma campagne", avait-il aussi clamé au début du procès.
Cette affaire a débuté en 2012 quand nos confrères de Mediapart ont publié une note des services secrets libyens, tendant à prouver que le régime de Kadhafi avait versé 50 millions d'euros au camp Sarkozy peu avant le début de la campagne de 2007.
Une note qui "n'était pas crédible et ne pouvait donc être utilisée" selon Nicolas Sarkozy. Mais, à trois reprises, la justice lui a donné tort et a estimé que rien ne permettait de douter de l'authenticité de la note.
En 2013, la justice française s'était saisie de l'affaire en ouvrant une information judiciaire pour notamment, "corruption" et "trafic d'influence".
En février 2024, Nicolas Sarkozy a aussi été condamné à un an d'emprisonnement dont 6 mois ferme dans le cadre de l'affaire Bygmalion liée à ses comptes de campagne de 2012. Dans ce dossier, il s'est pourvu en cassation.