"Cet homme n'existe plus pour moi": le gendre de Dominique Pelicot témoigne au procès des viols de Mazan

"Le ciel m'est tombé sur la tête". Un nouveau témoignage a été entendu ce mardi 8 octobre au procès des "viols de Mazan" au palais de justice d'Avignon. Pierre P., le mari de Caroline Darian, la fille des Pelicot, a pris la parole pour faire part de sa colère devant les accusés.
Pierre P. raconte avoir rencontré sa belle-famille en 2003. Il a notamment eu un contact facilité avec Dominique Pelicot par des "passions communes", dont le sport. "On passait énormément de temps ensemble. J’avais beaucoup d’affection pour cet homme", a-t-il raconté, alors que celui-ci ignorait qu'il avait orchestré des dizaines de viols de Gisèle Pelicot.
Pierre P. se souvient qu'il était difficile de joindre Gisèle lorsqu'il appelait la maison de Mazan: "'Elle était très fatiguée d’avoir gardé les enfants', nous disait (Dominique)". Et lorsque celle-ci parlait, elle tenait "des propos incohérents" et "semblait dans le gaz". Un lien avec la soumission chimique dont elle a été victime? Une chose est sûre, la "santé de (leur) belle-mère (les) inquiétait beaucoup". Aujourd'hui, dit-il, "je comprends maintenant que le seul objectif, c’était de la garder sous son joug."
C'est le 2 novembre 2020 que l'histoire a été révélée au gendre, qui raconte que le ciel lui "est tombé sur la tête". "Il a fallu organiser l’annonce à la famille, à sa fille, à notre fils", se souvient-il, après avoir annoncé à son fils qu'il ne verrait plus jamais son grand-père.
"J'étais son gendre, il n'existe plus pour moi", a-t-il lâché, devant le tribunal.
Depuis son box, Dominique Pelicot lui a répondu, presque en larmes. "Pour moi, tu as été comme un fils (...) Je suis le seul responsable".
Dominique Pelicot demande pardon
Un autre volet de l'affaire a été abordé. Des photos de Caroline Darian, la fille des Pelicot et femme de Pierre P., ont été découvertes dans l'ordinateur de son père. Sur celles-ci, on la voit dormir en lingerie, dans une pause lascive. Pour Pierre P., cette découverte est venue "rajouter de l'horreur à l'horreur".
"Jamais je ne l’ai vu comme ça. Elle dort sur le côté droit or là elle est sur le côté gauche. Je ne reconnais pas sa lingerie sur les photos. La question pour moi n'est pas de savoir si elle a été droguée, mais pourquoi elle a été droguée", témoigne-t-il.
Caroline s'est depuis "jetée à corps perdu dans une bataille contre la soumission chimique". Mais, veut-il rappeler, la fille est comme sa mère. Elle a l'air "forte" mais est "à l'intérieur un champ de ruines".
"Je te demande une seule chose; me croire quand je dis que je n’ai jamais touché ni ma fille ni mes petits enfants. Le reste, je l’assume", a plus tard répondu l'accusé principal à son gendre, lui demandant de l'excuser.
Pierre P. attaqué par une avocate de la défense
Durant cette audition, un vif échange de plusieurs minutes a eu lieu avec l'avocate Nadia El Bouroumi, qui a suscité la controverse, notamment à cause de ses prises de parole sur les réseaux sociaux. Elle a attaqué Pierre P. sur sa profession et son statut dans ce procès. Le gendre des Pelicot est journaliste et rédacteur en chef pour BFMTV.
"Vous n'êtes pas partie civile dans ce dossier. Moi je pense que c’est parce que votre position est délicate. Vous êtes rédacteur en chef à BFMTV. Moi la publicité des débats dans le visionnage des vidéos (des viols, NDLR) me pose problème. Sur BFM vous ne parlez que des accusés comme des monstres", a par exemple adressé l'avocate au gendre.
Face à ces attaques, Pierre P. a assuré avoir informé sa direction des faits et a rappelé qu'à chaque fois la parole a été donnée à la défense. "L’individu est parfois outré et totalement indigné par votre ligne de défense. Le journaliste reste professionnel. Jamais je ne me serai permis de dire quoi que ce soit dans la façon de parler du procès de Mazan sur notre antenne", a-t-il répondu.