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Procès

Assassinat de Narumi Kurosaki: le procureur requiert la réclusion à perpétuité contre Nicolas Zepeda

Croquis d'audience montrant le Chilien Nicolas Zepeda devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon

Croquis d'audience montrant le Chilien Nicolas Zepeda devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon - Benoit Peyrucq © 2019 AFP

L'accusé devrait être fixé sur son sort mardi. Si les jurés suivent les réquisitions de l'avocat général, il pourrait être condamné à la perpétuité pour l'assassinat de son ex-petite amie.

L'avocat général Etienne Manteaux a requis ce lundi devant la cour d'assises du Doubs la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de Nicolas Zepeda, jugé pour l'assassinat en 2016 de Narumi Kurosaki, son ancienne petite amie japonaise dont le corps n'a jamais été retrouvé.

"Je requiers que Nicolas Zepeda soit déclaré coupable de l'assassinat de Narumi Kurosaki et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité", a déclaré Etienne Manteaux. Une interdiction du territoire français à sa libération a également été demandée.

Pendant deux heures de réquisitions, listant les nombreux éléments de l'enquête qui accablent l'accusé, le représentant du ministère public a insisté sur son "choix délibéré de s'enferrer dans le déni", alors que "dans ce dossier, tout, absolument tout ramène à la responsabilité de Zepeda".

"C'est rarissime d'avoir un tel faisceau de preuves", a insisté Etienne Manteaux, selon qui Nicolas Zepeda a "tué délibérément son ex compagne avec préméditation", faute d'avoir réussi à la reconquérir.

Nicolas Zepeda, un "menteur" pour les parties civiles

Sur le banc des accusés, masqué et portant toujours une cravate, Nicolas Zepeda, qui clame son innocence depuis neuf jours, est resté impassible à l'énoncé des réquisitions. Son père, assis au premier rang du public, a désapprouvé de la tête. La cour doit désormais entendre les plaidoiries des avocates de la défense, Mes Jacqueline Laffont et Julie Benedetti.

Dans la matinée, les avocats des parties civiles avaient également demandé à la cour de reconnaître la culpabilité de Nicolas Zepeda, malgré les dénégations du Chilien qu'ils qualifient de "menteur".

"Ce sont les larmes pudiques de la partie civile que vous devez privilégier en condamnant celui qui est dans le box, Nicolas Zepeda", a plaidé Me Sylvie Galley, l'avocate de la famille de Narumi.

Mercredi, le témoignage déchirant de la mère de la jeune fille avait bouleversé le prétoire. Venue de Tokyo, Taeko Kurosaki avait longuement exprimé sa douleur, exacerbée par l'incertitude qui demeure sur le sort de Narumi, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Narumi Kurosaki, "muette à jamais"

Selon Etienne Manteaux, le Chilien avait prémédité son crime en achetant un bidon de produit inflammable et des allumettes avant de rejoindre l'étudiante japonaise de 21 ans à Besançon. L'avocat général pense qu'il a "immergé le corps de Narumi dans le Doubs" après l'avoir étouffée ou étranglée.

Quand Me Galley a évoqué la disparue, "muette à jamais", Taeko Kurosaki s'est recroquevillée sur la photo de sa fille, soigneusement enveloppée dans un tissu à fleurs et qu'elle tient serrée contre elle depuis le début du procès

"La mort de Narumi aurait pu (...) allonger la liste des féminicides", mais "la disparition de son corps" a fait basculer le scénario "dans l'horreur absolue", a poursuivi l'avocate, devant un public venu en nombre.

Un "crime prémédité"

"Menteur, manipulateur, toxique", a accusé Me Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, le petit ami français de l'étudiante japonaise au moment de sa disparition.

Selon l'avocat, le Chilien a perpétré "un crime de sang froid", prémédité, comme le montre l'achat d'un bidon de cinq litres de combustible et une boîte d'allumettes avant la disparition de Narumi. "Monsieur Zepeda fait tout pour dissimuler sa responsabilité", a-t-il regretté.

"La main de Nicolas Zepeda n'a pas tremblé et je demanderai à cette cour d'assises de ne pas trembler quand elle prendra sa décision", a conclu l'avocat.

L'accusé toujours inflexible

En force ou en douceur, le pensant acculé par les nombreux éléments à charge et les témoignages, tous les acteurs du procès ont tenté d'obtenir les aveux de Nicolas Zepeda, y compris sa propre avocate. Mais la question reste entière: qu'est-il arrivé à Narumi Kurosaki dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, dans cette chambre d'une résidence universitaire de Besançon?

L'"audience particulièrement forte en émotions" vendredi, selon les mots du président de la cour Matthieu Husson, n'aura pas apporté de réponse: Nicolas Zepeda a nié de bout en bout toute responsabilité dans la disparition de son ex-petite amie. "Je n'ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir !", a-t-il fini par hurler, en larmes.

Extradé de son pays à l'été 2020, le Chilien aura, comme le veut la règle, la parole en dernier mardi avant que les jurés ne se retirent pour délibérer et rendre leur verdict.

E.F. avec AFP