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Police-Justice

Procès de Nicolas Zepeda: un accusé inflexible face aux preuves et témoignages qui l'accablent

Croquis d'audience montrant le Chilien Nicolas Zepeda devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon

Croquis d'audience montrant le Chilien Nicolas Zepeda devant la cour d'assises du Doubs, le 29 mars 2022 à Besançon - Benoit Peyrucq © 2019 AFP

Jugé jusqu'au 12 avril pour l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki, le Chilien affirme depuis le début de son procès qu'il est innocent. Il est le dernier à avoir vu l'étudiante japonaise, en décembre 2016.

Nicolas Zepeda s'est fixé une ligne de conduite, et il semble vouloir la tenir jusqu'au bout de son procès. Jugé depuis le 29 mars devant la Cour d'assises du Doubs à Besançon pour l'assassinat de son ex-petite amie, Narumi Kurosaki, en décembre 2016, l'accusé reste sur ses positions: il est innocent, clame-t-il depuis le début des audiences.

"Je tiens à dire clairement que je n'ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations", a déclaré d'emblée le Chilien de 31 ans, présumé innocent, à l'ouverture de son procès.

"J'espère sincèrement que ce procès va apporter la vérité, la vérité dont on a besoin pour la retrouver", a ajouté celui qui parle encore de "disparition", le corps de Narumi Kurosaki n'ayant jamais été retrouvé.

Une absence sur laquelle l'accusé compte jouer, selon Me Randall Schwerdorffer, l'avocat d'Arthur del Piccolo, petit ami français de l'étudiante. "Il y a des inconnues dans ce dossier, notamment l'absence de corps, et Nicolas Zepeda essaie d'exploiter cela au maximum, ce qui explique son attitude fermée, en plein déni", décrypte-t-il ce mercredi auprès de BFMTV.com.

Cris "de terreur" contre cris "de plaisir"

Pourtant, malgré ces "inconnues" qui pèsent sur les audiences, les éléments qui désignent Nicolas Zepeda comme coupable sont nombreux. À commencer par ces cris, entendus par plusieurs étudiants dans la résidence universitaire, la nuit de la disparition de Narumi Kurosaki du 4 au 5 décembre. À 3h21, cette nuit-là, un étudiant envoie même un message à un autre résident: "On dirait que quelqu'un est en train de se faire assassiner."

"Ces cris n'étaient pas normaux, c'était effrayant. J'ai fermé ma porte à clé et j'ai éteint la lumière, parce que j'avais peur", confie une autre étudiante, qui occupait une chambre située dans le même couloir que celle de Narumi Kurosaki au moments des faits.

Aux cris "stridents", d'"angoisse" et de "terreur" évoqués par une vingtaine de témoins auprès des enquêteurs, l'accusé a toujours opposé la version de "cris de plaisir" de la part de l'étudiante japonaise, affirmant qu'ils ont eu un rapport sexuel à ce moment-là.

Des images de vidéosurveillance troublantes

Également longuement évoquées lors de ce procès, des images de vidéosurveillance issues des caméras de la résidence universitaire semblent une nouvelle fois le mettre en cause. Sur celles-ci, on distingue une silhouette semblable à celle de l'accusé errer dans l'enceinte de l'établissement et se cacher dans la cuisine commune dès le 1er décembre, soit trois jours avant de prendre contact avec l'étudiante.

Sur d'autres images, on voit également un individu cagoulé et portant un blouson noir prendre des photos à l'arrière du bâtiment, un jour où la voiture de location du Chilien avait été localisée sur le parking de la résidence.

Face à ces différents éléments, la réponse de l'accusé est simple: "Je ne suis pas cette personne-là", énonçait-il mardi.

Imperturbable

Des réponses lapidaires qu'il réserve également aux avocats des parties civiles. "Vous lui avez fait quoi, à Narumi?", l'interroge Me Sylvie Galley, qui représente les parents de l'étudiante. "Rien", assène-t-il.

"Alors qu'est-ce qu'elle fait depuis cinq ans, Narumi, si elle n'est pas morte?" insiste l'avocate... avant de se heurter à un mur une nouvelle fois: "J'aimerais bien le savoir."

Interrogés, les enquêteurs qui ont travaillé sur la disparition de Narumi Kurosaki ont rapporté un à un les éléments troublants qui ont renforcé leurs soupçons. Jalousie maladive de l'accusé, vidéo troublante dans laquelle il menace la jeune femme, achat de bidons de produits inflammables, déplacements suspects dans une forêt les jours précédant la disparition... Rien ne perturbe Nicolas Zepeda, alors que tout semble renforcer la piste d'un acte prémédité.

"Il va pousser la contestation jusqu'au bout"

"C'est quelqu'un qui met énormément d'énergie au service de sa défense pour échapper à sa responsabilité", analysait Me Randall Schwerdorffer auprès de BFMTV.com, avant le début du procès. Une impression qui se confirme au fil des jours, selon lui.

"L'accusé va pousser la contestation jusqu'au bout en demandant au procureur de démontrer sa culpabilité, d'expliquer où se trouve le corps et comment il aurait tué Narumi. Il joue sur la stratégie du pur droit selon laquelle le doute doit profiter à l'accusé", détaille-t-il ce mercredi.

Son client, Arthur del Piccolo, était le petit ami de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition. L'étudiante avait entamé une relation amoureuse avec lui après s'être séparée de Nicolas Zepeda.

Pour la famille de Narumi Kurosaki comme pour ce dernier, qui s'est exprimé ce mercredi par visioconférence pour réclamer des réponses de la part de l'accusé, l'avocat espère que les prochaines journées d'audience permettront à Nicolas Zepeda de sortir de la stratégie adoptée jusqu'à présent pour "s'expliquer".

"L'absence de corps est un obstacle au deuil pour eux. Arthur a compris que l'accusé était une personne manipulatrice, qui a parfaitement orchestré la mort de Narumi. Dans l'idéal, on attend toujours des réponses" de sa part, conclut Me Randall Schwerdorffer.

Nicolas Zepeda devrait être fixé sur son sort le 12 avril prochain.

Elisa Fernandez