Procès des "dentistes-bouchers" à Marseille: dix ans ferme requis contre Lionel Guedj

Le dentiste marseillais Lionel Guedj est jugé depuis six semaines à Marseille (Photo d'illustration) - AFP
La peine maximale de 10 ans de prison ferme a été requise lundi contre le dentiste marseillais Lionel Guedj et cinq ans dont un avec sursis contre son père Carnot, jugés pour avoir mutilé des centaines de leurs patients dans les quartiers populaires.
Le ministère public a requis le mandat de dépôt contre les deux prévenus et demandé que leur soit également infligée une amende de 375.000 euros pour Lionel Guedj, 41 ans, ainsi que la saisie de l'immeuble dans lequel il réside, et une amende de 150.000 euros pour Carnot, son père, âgé de 70 ans.
322 victimes parties civiles
Depuis six semaines, les deux dentistes sont jugés devant le tribunal correctionnel de Marseille pour s'être enrichis sur le dos de l'Assurance maladie et des mutuelles en réalisant un maximum de prothèses dentaires sur des patients qui n'en avaient pas besoin, après leur avoir dévitalisé des dents saines, mutilant certains d'entre eux à vie.
Un procès "hors norme au vu du nombre de victimes" (322 se sont constituées parties civiles) et de la "sordidité" des faits "aux airs de cour d'assises", a relevé le ministère public.
Abcès, kystes, douleurs insupportables, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas: les victimes ont raconté à la barre les conséquences des opérations pratiquées à la chaîne par ce cabinet dentaire qui s'était installé en 2005 dans un quartier pauvre du nord de la deuxième ville de France.
"Exempts de tout remord"
Face à ces témoignages, le ministère public a dit avoir vu des prévenus "froids, inaccessibles, exempts de tout remord" et ne pas avoir réussi "à percevoir une empathie sincère": "Jusqu'aux dernières plaidoiries des parties civiles, ils n'auront de cesse de lever les yeux au ciel", a pointé dans son réquisitoire le procureur Michel Sastre, à l'avant-dernier jour du procès.
Il a également dénoncé "l'insolence" des prévenus qui n'ont cessé de "minimiser leur responsabilité et l'ampleur du désastre" au fil des audiences. Et le magistrat de rappeler la "honte" de certaines victimes, "leur culpabilité" de s'être fait avoir, l'une d'elle expliquant même avoir eu le sentiment "d'être violée".
"Vous devez appréhender un système mis en place, pensé, planifié. Ils veulent faire croire qu'ils ont fait des choix thérapeutiques", mais c'est bien une organisation "visant à faire un maximum d'argent dans un minimum de temps, avec une cupidité insatiable", à laquelle ils se sont adonnés, a insisté Michel Sastre.
Sa consoeur Marion Chabot a enfoncé le clou en évoquant "la politique industrielle" mise en place par les Guedj fils et père et leur "plan méthodique, cynique et perfide".