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Police-Justice

Procès Valentin: la complicité de Noëlla Hégo remise en question

Dessin d'audience représentant Noëlla Hégo, mardi, au premier jour de son procès.

Dessin d'audience représentant Noëlla Hégo, mardi, au premier jour de son procès. - -

La défense a remis en cause, ce jeudi, l'hypothèse selon laquelle la compagne de Stéphane Moitoiret l'a poussé à tuer le petit Valentin, 10 ans, dans un but sacrificiel.

Depuis l'ouverture des débats, mardi, il a surtout été question de Stéphane Moitoiret et de la question de sa santé mentale. Au troisième jour du procès en appel du meurtrier du petit Valentin, la Cour d'assises du Rhône s'est penchée sur le cas de sa compagne, Noëlla Hégo, jugée avec lui pour complicité.

Condamnée en première instance, fin 2011, à 18 ans de prison pour complicité, cette femme de 53 ans a toujours nié sa responsabilité dans le meurtre du petit garçon. Absente des lieux du crime, elle est néanmoins soupçonnée d'avoir influencé son compagnon, un marginal schizophrène de 44 ans. C'est ce qu'indique le procès-verbal de synthèse de la gendarmerie.

"Si elle avait l'ascendant, il serait un toutou"

Un soupçon infondé, a clamé jeudi Me Roksana Naserzadeh, l'avocate de Noëlla Hégo. Elle appuie son argumentaire sur 200 témoignages recueillis par les gendarmes. Parmi ceux-ci, "50" indiquaient que Moitoiret dominait sa compagne, "11" affirmaient l'inverse, le reste n'avait pas d'avis sur le sujet.

L'avocate est ensuite revenue au 28 juillet 2008, quelques heures avant le meurtre de Valentin, un garçon de 10 ans qui faisait du vélo dans une rue de Lagnieu. Stéphane Moitoiret venait de subir un contrôle d'identité, et était alors décrit par des témoins comme "très énervé".

"Noëlla Hégo est-elle parvenue à le calmer?", a-t-elle demandé. "Si elle avait l'ascendant, Moitoiret serait un petit toutou. Il se serait calmé tout de suite", a-t-elle poursuivi. Le directeur d'enquête l'admet. "Il semblerait qu'elle n'y soit pas parvenue." Quelques heures plus tard, le petit Valentin était retrouvé sans vie, le corps lardé de 44 coups de couteau.

"Retour en arrière"

Mais un autre soupçon pèse sur Noëlla Hégo, et pas des moindres: le mobile même du crime. Pour les enquêteurs, il se trouve dans un concept qu'elle a indiqué avoir forgé, celui de "retour en arrière", qui engloberait l'idée d'immoler quelqu'un. Un concept en lequel les deux accusés, pris dans un délire ésotérique, croyaient tous les deux.

Là, c'est le président de la Cour lui-même qui a exprimé son scepticisme. "Ca reste bien mystérieux, cette notion", a-t-il commenté. "On ne voit pas pourquoi il faut absolument un mort. Pourquoi il faut que ce soit un enfant, on voit encore moins. Comment faire le lien?..." Ce jeudi, la défense de Noëlla Hégo a incontestablement marqué des points.

Mathilde Tournier et avec AFP