Procès Valentin: Moitoiret s'égare dans un délire ésotérique

Dessin d'audience représentant Stéphane Moitoiret au premier jour de son procès, ce mardi devant les assises du Rhône. - -
Pour Me Frank Berton, l'avocat de Stéphane Moitoiret, le cas de son client relève de la psychiatrie. L'homme est jugé depuis mardi avec sa compagne, Noëlla Hégo, pour le meurtre de Valentin, un petit garçon de 10 ans, lardé de 44 coups de couteau en 2008. Tout l'enjeu des dix jours de procès est de savoir s'ils sont responsables pénalement de leurs actes.
L'article 122-1 du Code pénal prévoit en effet qu'une "personne atteinte au moment des faits d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes" n'est "pas responsable pénalement". Pour Me Berton, Stéphane Moitoiret a été "diagnostiqué schizophrène" et "il ne peut pas comprendre l'éventuelle peine ou condamnation qui serait prononcée".
Vif et bavard
"Les fous ne s'assoient pas dans une enceinte judiciaire", a-t-il indiqué mardi matin à BFMTV. "Même si je sais que c'est très difficile à admettre pour les parties civiles au regard de ce crime odieux."
D'autant plus difficile qu'aux premières heures de l'audience, Stéphane Moitoiret est apparu beaucoup plus vif et bavard qu'à son premier procès, comme l'ont noté les observateurs sur place.
Troublant. S. Moitoiret parle de sa vie et il n'a pas l'air fou du tout. #Valentin
— S. Durand-Souffland (@DurandSouffland) November 12, 2013
L'homme a décliné son nom et sa date de naissance d'une voix claire, contrastant avec son mutisme et son atitude amorphe du premier procès, en décembre 2011. A l'époque, la cour l'avait condamné à perpétuité pour le meurtre sauvage de Valentin, un petit garçon qui faisait du vélo dans une rue de Lagnieu, dans l'Ain, le soir du 29 octobre 2008.
Noëlla Hégo, jugée avec lui, avait écopé de 18 ans de réclusion pour "complicité d'assassinat avec actes de barbarie". Elle avait alors clamé que son compagnon était "possédé" et qu'il était rentré le soir du drame avec du sang sur ses vêtements et des coupures aux mains, avouant qu'il avait tué l'enfant. Lui, avait attribué le meurtre à un "clone".
Délire ésotérique
Cet après-midi, lors de son interrogatoire, Stéphane Moitoiret a une nouvelle fois montré son attrait pour l'ésotérisme. Il est parti dans de grandes explications sur la vie: "Quand Dieu crée une créature, il le fait par magie", "on est créé dans d'autres univers par des formules magiques; le corps de la femme créé le clonage du corps du bébé", "l'esprit est dans les spermatozoïdes". L'homme croit en la réincarnation.
"quand Dieu crée une créature il le fait par magie on a un destin, il y en a qui écrit le destin étalé sur plusieurs centaines d années 1/2
— ChristelleMonteagudo (@c_monteagudo) November 12, 2013
"On est créé dans d'autres univers par des formules magiques. Le corps de la femme crée le clonage du corps du bébé 1/2 #Valentin
— S. Durand-Souffland (@DurandSouffland) November 12, 2013
La mère de Valentin en larmes
Evoquant sa famille, ce marginal qui, le soir du drame, était hébergé à la cure de Saint-Sorlin, près de Lagnieu, s'est néanmoins montré beaucoup plus terre à terre. "Ma famille n'était pas unie, on ne mangeait pas ensemble". Sa mère était attendue à la barre après sa propre audition.
#Moitoiret : "ma famille n était pas unie, on ne mangeait pas ensemble." sa mère viendra témoigner après son audition
— ChristelleMonteagudo (@c_monteagudo) November 12, 2013
Celle de Valentin, elle, a demandé au début de l'audience à ce que l'homme lui donne des explications sur la mort de son fils. "Qu'il passe aux aveux, qu'il dise clairement pourquoi il a tué mon fils. J'en ai besoin pour me reconstruire", a-t-elle confiée, en larmes, dans la matinée. Elle, souhaiterait que Stéphane Moitoiret soit condamné et aille en détention, "comme un vrai prisonnier".