Meurtre de Valentin: l'accusé et la mère de l'enfant face à face

Dessin d'audience représentant Stéphane Moitoiret au premier jour de son procès. - -
Mardi, au premier jour du procès en appel du meurtrier présumé de son fils, Véronique Crémault appelait de ses voeux Stéphane Moitoiret à "passer aux aveux". A "dire clairement pourquoi il a tué [son] fils", Valentin, 10 ans, par 44 coups de couteaux alors que le garçon faisait du vélo le soir du 28 juillet 2008 à Lagnieu, dans l'Ain.
Imprévisible, l'homme - diagnostiqué schizophrène - est ce mercredi sorti du mutisme qui avait tant affecté la mère de Valentin en première instance. "Je ne sais pas vraiment quoi vous dire, parce que je suis touché par votre chagrin", a reconnu Stéphane Moitoiret avec un débit lent. "Moi, j'ai perdu mon père et mon grand-père quand j'étais jeune."
Véronique Crémault venait d'évoquer le souvenir de son fils: "Je le sens seul, là-haut, et ça me fait mal. J'ai l'impression de l'avoir abandonné", avait-elle confié devant les assises de l'Ain, citée par Le Figaro.
"Pourquoi avez-vous tué mon fils?"
"Pourquoi avez-vous tué mon fils?", lui a alors demandé la mère. Mais Stéphane Moitoiret a maintenu ses dénégations. "Je ne suis pas responsable de la mort de votre enfant", a-t-il répondu. "Je n'ai jamais voulu le malheur pour qui que ce soit. Dans mon raisonnement, je veux que les gens réalisent leurs rêves." Il évoque le "destin", en quoi il "croit", et "Jésus, qui savait qui allait finir sur la croix".
La veille, l'homme s'était livré à un délire mystique. Son avocat, Me Frank Berton, avait indiqué son intention de plaider l'irresponsabilité pénale, prévue par le code pénal pour les personnes dont le "trouble psychique ou neuropsychique a aboli le discernement ou le contrôle des actes". "Les fous ne s'assoient pas dans une enceinte judiciaire", soulignait-il à l'ouverture de l'audience mardi.
Un argument que réfute Me Gilbert Collard, qui défend la famille de Valentin. Pour l'avocat et député du Rassemblement Bleu Marine, le comportement de Stéphane Moitoiret relève du calcul. "Il répond assez raisonnablement et puis d'un coup, on est dans le délire infini", argue-t-il au micro de France Bleu. Selon lui, il s'agit d'une "stratégie".
Noëlla Hégo en sanglots
Quant à Noëlla Hégo, la compagne de Stéphane Moitoiret condamnée en première instance pour complicité de meurtre? "Je suis désolée pour vous, mais je n'y peux rien, j'étais loin de là", a-t-elle avoué à Véronique Crémault, d'une voix pâteuse et secouée de sanglots. Elle nie toujours avoir été pour quelque chose dans le crime, et la défense a demandé son acquittement. "C'est gentil de m'avoir parlé", a reconnu la mère de Valentin.