Procès Mélenchon contre Le Pen: décision attendue dans l'affaire du "faux tract"

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Le tribunal correctionnel de Béthune, dans le Pas-de-Calais, rend jeudi sa décision dans l'affaire du "faux tract" distribué par des militants FN. Le coprésident du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a fait citer à comparaître son ancienne adversaire aux législatives, Marine Le Pen.
Lors de l'audience qui s'était finalement tenue le 6 février après quatre renvois, la défense de Jean-Luc Mélenchon avait demandé la condamnation de Marine Le Pen, notamment à une peine d'inéligibilité, tandis que l'avocat de la présidente du Front National avait plaidé sa "relaxe pure et simple". Le procureur s'en était quant à lui remis à la "sagesse du tribunal".
Marine Le Pen risque l'inéligibilité
Marine Le Pen est citée à comparaître pour "manœuvre frauduleuse" et publication d'un montage sans le consentement de l'intéressé, des délits passibles d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende, ainsi que d'une peine complémentaire de privation des droits civiques, autrement dit d'inéligibilité.
Cette procédure par citation directe a été lancée par l'ancien candidat du Front de gauche aux législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais à l'encontre de Mme Le Pen, ainsi que de deux militants locaux du FN.
Un "faux tract" avec une citation de Mélenchon
Fin mai 2012, les équipes de Marine Le Pen avaient distribué un tract comportant la photo de Jean-Luc Mélenchon et reproduisant l'une de ses phrases prononcées lors d'un discours à Marseille le 14 avril précédent: "Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb". Le tract, imprimé sur fond vert, la couleur de l'islam, comportait également la mention "Votons Mélenchon" et sa traduction dans un arabe approximatif.
Maître Raquel Garrido, l'avocate de Jean-Luc Mélenchon, espère obtenir jeudi "la condamnation des trois" prévenus, et attend "que le tribunal tire les conclusions simples des aveux de Marine Le Pen".
Marine Le Pen "assume", mais n'aurait pas "rédigé" ledit tract
Sur les plateaux de télévision, en 2012, Marine Le Pen avait dit "assumer" ce tract - "Je l'assume totalement", avait-elle lancé sur Canal+, se félicitant de "ce coup de communication politique".
"Pour une infraction aux règles fondamentales de l'organisation démocratique", la condamnation "doit être sur le même plan, donc l'inéligibilité", a affirmé maître Garrido.
De son côté, maître Wallerand de Saint-Just, avocat de Marine Le Pen, espère sa relaxe, estimant que Jean-Luc Mélenchon n'apportait pas la preuve "que madame Le Pen a participé à la rédaction et à la diffusion ou à l'impression de ce tract". Les déclarations de Marine Le Pen sur les plateaux de télévision n'ont "absolument pas" valeur de preuve, a ajouté l'avocat.