Procès Fouquet: son coéquipier raconte les derniers mots de la policière tuée

Thierry Moreau a été atteint d'une balle à la poitrine. - Eric Feferberg - AFP
Eux n'étaient chargés que de se positionner "près du Buffalo". Thierry Moreau était dans la voiture de police le jour de la mort d'Aurélie Fouquet, cette jeune policière de 26 ans tuée par une rafale de kalachnikov alors qu'ils intervenaient pour stopper un commando de malfaiteurs poursuivis par les forces de l'ordre après un braquage avorté. Après trois semaines de débats, le coéquipier de la policière, lui-même blessé, est venu témoigner.
Ce jeudi, Thierry Moreau est venu raconter le déroulé de ce jour tragique. De leur positionnement à un carrefour à Villiers-sur-Marne à leur rencontre avec les braqueurs. Au total, neuf hommes, dont l'une des figures du grand banditisme, sont jugés devant la cour d'Assises de Paris. Sans les regarder, le policier leur demande de prendre "leurs responsabilités".
"J'ai vu toute ma vie défiler"
Quand son chemin croise celui des malfaiteurs, "l'enfer a commencé", témoigne le policier qui conduisait le véhicule. Dans son souvenir, les tirs de rafales ont duré "une éternité", comme le racontent des journalistes sur place. "J'ai vu toute ma vie défiler", raconte-t-il encore avant d'expliquer s'être couché sur sa coéquipière pour la protéger. Une fois les tirs terminés, la voiture était atteinte de 24 impacts de balles. Ensuite, tout s'est enchaîné très vite.
Le policier, à la corpulence athlétique, met à l'abri Aurélie Fouquet et constate qu'elle est grièvement blessée à la tête. Lui-aussi a été atteint, à la poitrine comme il le montre au tribunal en se tournant vers le box des accusés. Dans le même temps, il voit trois hommes, "bien organisés", qui changent de véhicule "comme s'ils allaient au Lidl faire leurs courses". Loin d'en avoir fini, un homme cagoulé se dirige vers les deux policiers.
"Continue de tirer Thierry"
Thierry Moreau tire à cinq reprises, certain d'avoir touché un malfaiteur. A ce moment-là, il va entendre les derniers mots de sa collègue, celle qu'il appelle tendrement "Pitchoune": "Continue de tirer Thierry, j'ai pas envie de mourir." Aurélie Fouquet ne s'en sortira pas, son collègue, oui. "Je ne suis plus le même, ma vie a changé (...) J'ai peur de m'endormir", confie-t-il devant la cour d'assises de Paris, lui qui a encore une balle logée dans le côté droit de la poitrine.
Thierry Moreau se sent aujourd'hui comme un "survivant de cette tuerie". "Pourquoi elle et pas moi", s'interroge-t-il encore six ans après les faits. A l'enterrement d'Aurélie Fouquet, il lui a fait la promesse que tant que les responsables n'auront pas avouer, il ne quittera pas Villiers-sur-Marne, il ne demandera pas sa mutation.
Une psychologue appelée à la barre a indiqué que le policier municipal souffrait d'un état de stress post traumatique "sévère à très sévère", et qu'il présentait les signes d'une "culpabilité du survivant", refusant par exemple une nouvelle affectation, ce qui le conduit à passer fréquemment par un carrefour rebaptisé au nom de sa défunte collègue.