Procès des viols de Mazan: Gisèle Pelicot et Dominique Pelicot attendus une dernière fois à la barre ce mardi

Après une journée marquée par les témoignages des trois enfants du couple Pelicot, Florian, David et Caroline, l'audience a pris fin ce lundi 18 novembre en fin d'après-midi. Trois coaccusés de Dominique Pelicot ont été entendus par la cour criminelle du Vaucluse dans le cadre du procès des viols de Mazan. Le dernier des 51 accusés sera quant à lui entendu ce mardi.
La victime, Gisèle Pelicot, reviendra également à la barre. Elle a accepté de répondre à nouveau aux questions des avocats de la défense. Puis la parole sera donnée une dernière fois à son ex-mari qui a orchestré une décennie de viols contre elle.
"Nous arriverons au stade où l'instruction à la barre sera terminée", a indiqué le président de cette cour criminelle ce lundi.
Les plaidoiries des parties civiles devraient quant à elles, sauf changement, commencer mercredi matin.
"Je pense que tu ne diras jamais la vérité"
Ce lundi, entre les murs de la cour criminelle du Vaucluse a retenti la déflagration qu'a été l'éclatement de l'affaire au sein de cette famille "anéantie".
"Ma famille a envie et continuera de se battre et espère surtout qu'à l'avenir, nous puissions effacer, faire disparaître dans nos têtes l'homme qui est à ma gauche", a déclaré, le ton ferme, l'aîné de la fratrie, David, 50 ans. Cet homme, c'est son père, Dominique Pelicot, qu'il appelle désormais "monsieur".
"Ce que j'attends de ce procès, (...) c'est que ces hommes derrière mon dos (NDLR: les coaccusés), cet homme dans ce box, soient punis pour les horreurs et les atrocités qu'ils ont commises sur ma mère", a insisté le quinquagénaire, avant de s'adresser à son père, droit dans les yeux.
"Si tu as encore un peu d'humanité, tu entends? (Je voudrais que) tu dises la vérité sur les agissements que tu as eus sur ma sœur, qui souffre tous les jours et qui souffrira toute sa vie, car je pense que tu ne diras jamais la vérité!" "Et sur mon fils aussi", a-t-il ajouté, évoquant ces échanges entre Dominique Pelicot et un de ses petits-enfants, à qui il aurait demandé de "jouer au docteur". "Rien, sur aucun!", lui a répondu son père.
"La seule différence, c'est le manque de preuves me concernant"
Prenant le relais de son aîné à la barre, Florian a quant à lui parlé de Dominique Pelicot comme étant "le diable en personne". Outre les questions concernant les éventuelles agressions de Caroline par son père, Florian se pose celle de sa propre filiation avec Dominique Pelicot: "Savoir si mon père est vraiment mon père". Pour cela, il souhaite réaliser un test de paternité, car il "n'en dort plus la nuit".
Après avoir embrassé ses frères, c'est ensuite Caroline qui est arrivée devant la cour, où elle s'est présentée comme "la grande oubliée" du procès.
"Gisèle a été violée sous soumission chimique, mais la seule différence entre elle et moi, c'est le manque de preuves me concernant. Pour moi, c'est un drame absolu", a expliqué Caroline Darian.
À l'automne 2020, les trois enfants du couple ont appris cette décennie de viols orchestrés par leur père, sur leur mère, qu'il droguait aux anxiolytiques pour l'offrir à des dizaines d'hommes recrutés sur internet. Mais, sur les fichiers stockés dans l'ordinateur de Dominique Pelicot, les enquêteurs ont aussi découverts des images de Caroline nue, prises à son insu.
Sur certaines, elle semble endormie, portant parfois des dessous de sa mère. Depuis, elle est "convaincue" qu'elle aussi a été droguée et violée par son père. Des faits que celui-ci a persisté à nier lundi.
"Pour moi, ce procès, (...) c'est aussi le procès historique de la soumission chimique en France", a-t-elle affirmé: "Moi, j'œuvre en coulisses, j'interpelle les pouvoirs publics. Mais à quel prix? Celui de ma santé mentale, au prix de ma survie et de ma réparation personnelle".