Procès de la mère de Séréna: la défense évoque le déni de grossesse

Rosa Da Cruz a déjà fait deux dénis de grossesse, raconte-t-elle lors de son procès pour maltraitance qui s’est ouvert ce mardi devant la cour d’assises de Corrèze. Pour son quatrième enfant, la petite Séréna, Maria Da Cruz explique être de nouveau tombée enceinte sans s’en rendre compte avant le huitième mois de grossesse et avoir accouché dans le secret.
"Cette femme n’a pas eu conscience de sa grossesse ni de l’enfant. Cela a été confirmé par l’expert", argumente l’avocate de la défense, Chrystèle Chassagne-Delpech, afin d’éclairer en partie l'attitude de la mère avec sa fille, cachée durant deux ans dans une pièce de la maison ou dans le coffre d’une voiture.
"Personnalité névrotique"
"On parle de déni quand la grossesse existe physiquement mais qu’elle n’est pas investie psychiquement", précise à BFMTV.com le psychiatre expert en criminologie, Roland Coutanceau.
Ce phénomène se rencontre généralement chez des femmes "fragiles souvent pudiques qui ont un rapport difficile avec leur corps", analyse-t-il.
Et d’ajouter: "Outre leur personnalité névrotique, ces femmes rejettent la possibilité qu’elles puissent être enceintes car un enfant perturberait fortement leur vie. Elles n’ont pas le désir d’avoir un enfant alors elles se persuadent qu’elles n’en attendent pas." Pour Roland Coutanceau, il ne s’agit pas de mensonge ni de dissimulation, "mais de se persuader que la grossesse est impossible".
En face, la partie civile rejette cet argumentaire et soutient que le procès est celui d’une maltraitance "complète et absolue". Me Grimaud suggère même que la thèse du déni de grossesse aurait été "soufflée" à Rosa Da Cruz pour étayer sa défense.
Circonstances atténuantes
Roland Coutanceau rappelle toutefois que les dénis de grossesse sont "généralement responsabilisés mais entraînent des circonstances atténuantes" en justice. Le déni de grossesse ne minimiserait donc pas la responsabilité de la mère de Séréna, mais apporterait un "élément de contexte pour expliquer son comportement envers sa fille", conclut le psychiatre.
Au terme de son procès, Rosa Da Cruz risque une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour "violences ayant entraîné une infirmité permanente".