Pont-Neuf, Aulnay-sous-Bois: depuis le début de l'année, quatre personnes sont mortes après des refus d'obtempérer

Investigation de la police sur les lieux où deux personnes ont été tuées par la police à Paris sur le Pont Neuf le 25 avril 2022 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
"Nous en sommes à quatre morts en quatre mois", avançait ce mardi matin Jean-Luc Mélenchon, invité de la matinale de France Inter. Quatre personnes ayant perdu la vie après des refus d'obtempérer, qui ont donné lieu à des tirs de la part des forces de l'ordre.
La dernière en date est la passagère d'une voiture dont le conducteur refusait de se soumettre à un contrôle de police samedi, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Elle est morte, touchée par des tirs de policiers. BFMTV.com fait le point sur les autres refus d'obtempérer qui ont mal tourné ces derniers mois.
· Un homme meurt à Aulnay-sous-Bois en mars
Le 26 mars, un homme vivant à Sevran, en Seine-Saint-Denis, succombe à ses blessures alors qu'il a été touché par un tir policier au niveau d'Aulnay-sous-Bois. La victime, âgée de 32 ans, se trouve au volant d'une camionnette volée lorsqu'elle se fait contrôler par des policiers.
L'un des brigadiers décide de descendre, seul, de la voiture de police banalisée qui était bloquée dans le trafic routier pour s'approcher de la camionnette, a rapporté le procureur de Bobigny, Eric Mathais, après le drame. Il ouvre alors le feu, l'homme refusant d'ouvrir sa portière pour se soumettre au contrôle.
Lors de son audition, le fonctionnaire a dit avoir agi par légitime défense, voyant le conducteur "enclencher une vitesse et accélérer fortement" et se sentant perdre l'équilibre, a poursuivi Eric Mathais.
Grièvement blessé au niveau d'une omoplate, le conducteur meurt à l'hôpital quelques heures plus tard. Le policier a finalement été mis en examen le 2 avril pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Il a également été placé sous contrôle judiciaire et a reçu l'interdiction d'exercer une activité de policier.
En réaction au drame, des tensions éclatent dans les villes de Sevran, Tremblay-en-France et Aulnay-sous-Bois, plusieurs nuits d'affilée.
· Les morts du Pont-Neuf, en avril dernier
Le 24 avril, au soir de la réélection d'Emmanuel Macron, deux hommes perdaient la vie à bord d'une voiture, également sous les tirs d'un policier, au niveau du Pont-Neuf à Paris. Un peu avant minuit, ce soir-là, une patrouille de policiers se rapproche d'une voiture garée à contresens, sur le quai des Orfèvres, afin de la contrôler.
Le véhicule aurait alors démarré et foncé vers l'un des fonctionnaires, qui s'est écarté pour l'éviter, racontent les policiers. Le gardien de la paix a ensuite utilisé une dizaine de cartouches, certaines balles étant dirigées vers le conducteur. Celui-ci est mort sur le coup, et son passager a succombé quelques minutes plus tard, également touché.
Après avoir auditionné le policier en question, âgé de 24 ans et en service depuis six mois, les juges ont décidé de ne pas retenir la légitime défense. Selon eux, son geste était disproportionné par rapport aux risques qu'il encourait. L'individu a donc été mis en examen pour "homicide volontaire", ainsi que pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" concernant le passager avant.
Si les investigations se poursuivent, le policier a été laissé libre, sous contrôle judiciaire, mais n'a plus le droit d'exercer en tant que policier en contact avec le public.
· Un individu blessé par des tirs policiers à Argenteuil en début de semaine
Dans la nuit de lundi à mardi, c'est à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, qu'un conducteur refusant d'obéir aux sommations de la police a été blessé par un tir. Repéré par une patrouille de police alors qu'il roule à vive allure, le conducteur refuse de s'arrêter, s'enfuit et prend un sens interdit.
Il finit par perdre le contrôle de son véhicule et cale. Lorsque les policiers mettent pied à terre pour aller l'interpeller, il redémarre dans leur direction. Une fonctionnaire a été blessée au niveau des genoux ainsi qu'à l'avant-bras, percutée par la voiture.
Son coéquipier décide alors de tirer, et touche le conducteur dans le dos. L'individu, qui était alcoolisé au moment des faits et qui conduisait sans permis, a été interpellé et placé en garde à vue.
En 2020, un refus d'obtempérer s'est produit toutes les vingt minutes. Les sanctions peuvent aller jusqu'à un an d'emprisonnement, 7500 euros d'amende et le retrait de six points sur le permis de conduire. Dans des affaires comme celles-ci, dans lesquelles les policiers décident d'ouvrir le feu, l'enjeu des acteurs judiciaires est de déterminer s'ils ont agi au nom de la légitime défense, ou si, au contraire, cet argument ne tient pas.