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Police-Justice

Piégés dans les salles, sans toilettes et sans âme... Les avocats ironisent sur le nouveau tribunal de Paris

Les avocats dénoncent les installations du nouveau tribunal de Paris.

Les avocats dénoncent les installations du nouveau tribunal de Paris. - Alain Jocard - AFP

Le nouveau palais de justice de Paris a ouvert ses portes au public lundi dernier avec deux audiences. L'arrivée du personnel judiciaire se fait progressivement mais les avocats dénoncent déjà un certain nombre d'anomalies.

Le point d'orgue de leur contestation, ce sera lundi. Les avocats sont vent debout contre certaines installations du nouveau palais de justice de Paris, inauguré lundi dernier. A l'occasion des premières audiences en comparution immédiate, attendues ce lundi, les "robes noires" viendront manifester leur colère contre les cages de verre à la place des box traditionnels où s'installent les prévenus. L'objectif: défendre la présomption d'innocence et l'exercice des droits de la défense.

Mais depuis quelques jours, c'est au quotidien qu'ils découvrent les anomalies de ce paquebot culminant à 160 mètres. Dès mardi, un compte Twitter @SosNouvPalais a été créé en association avec le Syndicat des avocats de France (SAF) pour "centraliser les signalements de dysfonctionnements rencontrés au nouveau palais des Batignolles" et les faire remonter. L'idée est de dénoncer les problèmes des avocats subis au quotidien alors que nombreux sont ceux à dénoncer un tribunal "déshumanisé".

Coincé dans une salle d'audience

Pas encore ouvert, les avocats avaient déjà dû faire la course aux badges dès le dimanche précédent. "Il faut badger partout", a reconnu d'ailleurs auprès de l'AFP une juge qui découvrait son nouvel espace de travail. Des files d'attente gigantesques pour récupérer le fameux laisser-passer, aux problèmes techniques provoqués par des badges non reconnus, le système de sécurité du nouveau palais de justice, dessiné par la superstar des architectes, Renzo Piano, engendre des couacs plus importants. Comme ce fut le cas pour "Me Douxdoux", comme il se fait appeler sur Twitter.

Après une visite de l'une des 90 salles d'audience, le conseil s'est retrouvé tout bonnement enfermé à l'intérieur. Cherchant à joindre quelqu'un dans le tribunal, il s'est finalement résolu à lancer un SOS en 280 caractères. "Pour info: JE SUIS SORTI. Une consœur est venue me chercher. Il lui est arrivé la même chose ce matin. Vous devez faire très attention et ne rentrer dans aucune salle car sinon ça se bloque automatiquement. L’accueil me précise que c’est arrivé à beaucoup d’avocats", prévient -il.

En réaction, Me Christian Saint-Palais, également président de l'Association des avocats pénalistes (ADAP), explique lui-aussi s'être retrouvé dans cette situation avec des confrères. Ce sont des policiers qui étaient venus les libérer. "Ca nous a permis de tout comprendre du fonctionnement des micros et des lumières", ironise-t-il sur Twitter. D'autres avocats s'interrogent sur le fait que les salles d'audience doivent rester ouvertes pendant les comparutions permettant un procès public. Les avocats disent qu'ils resteront attentifs à ce sujet lors des premières audiences en correctionnelle.

L'autre "water-gate"

En prenant place dans leurs nouveaux locaux, les avocats ont également eu la désagréable surprise de découvrir qu'il n'y avait pas de... toilettes pour leur usage. Loin d'être anecdotique, les avocats estiment que partager les sanitaires avec le grand public est un problème pour leur travail mais aussi et surtout pour leur sécurité.

"La personne qui est en train de travailler sur place, doit repartir vite travailler et ne peut pas se permettre de faire la queue 1h à chaque fois qu’elle aura envie d’uriner", rappelle une robe noire sur Twitter.

Des problèmes similaires pour les policiers

En réponse à une tribune publiée dans L'Obs par une avocate qui a visité le nouveau palais de justice avant son ouverture, le président du tribunal de grande instance de Paris a expliqué ne pas comprendre "la critique".

"S'agissant de l'espace réservé aux avocats, le barreau a fait le choix d'édifier 'la maison des avocats' sur le parvis du tribunal, a indiqué Jean-Michel Hayat. Au demeurant, la 'toque vestiaires', espace dédié aux seuls avocats sera ouvert courant juin 2018 et disposera de plusieurs sanitaires auxquels n'auront accès que les avocats et les personnels de l'Ordre, contrairement à ce que soutient Maître Heinich."

Cette série de dysfonctionnements n'est pas sans rappeler ceux connus par les membres de la police judiciaire de Paris qui ont quitté l'an dernier le mythique 36, quai des Orfèvres pour les Batignolles, non loin du nouveau tribunal. En cause notamment, un chauffage défectueux qui s'éteint le week-end mais aussi à partir de 20 heures le soir, expliquait France Info. Un système inadapté à des fonctionnaires qui travaillent 24h/24. Des problèmes de réception téléphonique avaient également été dénoncés par les syndicats de policiers.

Justine Chevalier