BFMTV
Police-Justice

"Photos volées" de Gisèle Pelicot: Paris Match assigné en justice pour atteinte à la vie privée

Gisèle Pelicot arrive au tribunal judiciaire d'Avignon, le 19 décembre 2024, avant le verdict.

Gisèle Pelicot arrive au tribunal judiciaire d'Avignon, le 19 décembre 2024, avant le verdict. - Clement MAHOUDEAU / AFP

L'hebdomadaire Paris Match a publié, le 17 avril, des photos de Gisèle Pelicot prises à son insu. Ses avocats, qui avaient menacé d'actions en justice, ont bien assigné le média pour cette publication. L'affaire sera étudiée le 11 juin.

Gisèle Pelicot a assigné devant le tribunal judiciaire de Nanterre l'hebdomadaire Paris Match pour atteinte à la vie privée et au droit à l'image, après avoir publié le 17 avril des photographies prises à son insu, ont annoncé ce mardi 29 avril ses avocats.

L'affaire sera examinée le 11 juin à 13h30, ont précisé Mes Antoine Camus et Stéphane Babonneau dans un communiqué.

Gisèle Pelicot paparrazée dans Paris Match : choquant ? - 17/04
Gisèle Pelicot paparrazée dans Paris Match : choquant ? - 17/04
12:20

Dans son édition du 17 avril, l'hebdomadaire avait publié sept photographies de Mme Pelicot sur lesquelles on la voyait accompagnée d'un homme présenté comme son nouveau compagnon, déambuler dans les rues de la localité où elle réside désormais, selon Paris Match.

"Cette publication "constitue une atteinte intolérable au respect de la vie privée et à l'image de Gisèle Pelicot", estiment les avocats de Mme Pelicot.

Devenue une icône féministe à la suite du procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot réclame au magazine 30.000 euros de dommages et intérêts ainsi que la publication de la condamnation à sa Une, selon l'assignation consultée par l'AFP.

"Une question de consentement et de libre arbitre"

Selon ses avocats, l'hebdomadaire avait été destinataire d'une mise en demeure avant publication. "Il est encore une fois question ici de consentement et de libre arbitre: deux principes fondamentaux que Paris-Match a cru pouvoir ignorer en privant unilatéralement Gisèle Pelicot de la maîtrise de ce qu'elle déciderait de partager ou non sur sa vie privée", ont déclaré Antoine Camus et Stéphane Babonneau.

La septuagénaire, qui pendant une décennie avait subi des dizaines de viols par son ex-mari qui l'avait préalablement sédatée, et d'au moins une cinquantaine d'inconnus recrutés par celui-ci sur internet, avait fait face pendant quatre mois à ses agresseurs devant la cour criminelle de Vaucluse entre septembre et décembre.

Elle était devenue une icône féministe notamment après avoir permis un procès public en refusant un huis clos, afin que la "honte change de camp", selon ses mots, et ne pèse plus sur les épaules des victimes de viols.

Gisèle Pelicot a d'ailleurs été désignée parmi les "100 personnes les plus influentes de 2025" par le magazine américain Time mi-avril.

"Aujourd'hui elle se reconstruit et se concentre sur son livre pour garder le contrôle de son histoire", avait expliqué Me Antoine Camus, démentant "tout contrat" pour une adaptation cinématographique avec la plateforme américaine HBO, comme l'avance Paris Match.

Sur certaines photos publiées par le magazine, on la voit avec une équipe vidéo professionnelle la suivant sur un marchzé. Contacté par l'AFP, Paris Match n'a pas répondu dans l'immédiat.

Tom Kerkour avec AFP