Philippe Bilger: la moralisation proposée par Hollande "peut aboutir a des excès grotesques"

Pilippe Bilger, ancien magistrat, invité de BFMTV le 12 avril 2013 - -
Auteur d'un livre, La France en miettes, qui sort le 17 avril chez Fayard, l'ancien magistrat Philippe Bilger est revenu sur la moralisation de la vie politique défendue mercredi par François Hollande. Et son analyse sur cette volonté de transparence est plutôt sévère et "pessimiste".
"Ce plan peut aboutir a des excès grotesques, comme l'a démontré Jean-Luc Mélenchon dans sa déclaration" a souligné Philippe Bilger. Le président du Front de gauche a en effet mentionné dans sa déclaration ses... mensurations.
"En même temps, on ne peut pas trouver ridicule en soi les mesures proposées, a tempéré Philippe Bilger, soulignant que François Hollande et Jean-Marc Ayrault "n'avaient pas d'autre chose à faire que d'exiger la transparence des élus, après l'affaire Cahuzac".
"Plus notre société devient imparfaite, plus on parle de moralisation"
Et de dénoncer une logique qui conduit le gouvernement à défendre une politique de suspicion au nom de la transparence. "Plus notre société devient imparfaite, plus on parle de moralisation et non de morale. Il n'est pas concevable que dans notre pays, on ne puisse pas trouver des hommes et des femmes insoupçonnables", a-t-il affirmé. "On est en train de mettre l'ensemble de la classe politique dans un même panier alors qu'il y a des gens formidables", a-t-il poursuivi.
Selon Philippe Bilger, la seule bonne note des dix premiers mois de mandat de François Hollande réside dans l'indépendance de la justice, où "le parquet peut travailler librement".
"Christiane Taubira a inventé l'action verbale"
Mais Philippe Bilger se montre plus sévère quant à l'action du gouvernement. Il en est une qui est particulièrement dans son viseur, il s'agit de la ministre de la Justice qui, selon lui, n'a en fait rien réalisé. "C'est la Garde des Sceaux de l'inaction. Christiane Taubira a inventé l'action verbale", a épinglé Philippe Bilger en évoquant le succès de la ministre à l'Assemblée lors des débats sur le mariage homosexuel.
"Le pouvoir politique ne donne pas à la communauté nationale l'impression d'être à la hauteur des enjeux, d'avoir une ligne, une vision", a enfin regretté Philippe Bilger, estimant qu'il manquait encore quelques chose à l'exécutif.